Moins d’une semaine après l’attentat de Gaziantep qui a coûté la vie à plus d’une cinquantaine de personnes lors d’un mariage, la Turquie est de nouveau victime du terrorisme. Vendredi, au petit matin, une voiture piégée a explosé dans le sud-est du pays, dans la ville de Cizre, entraînant la mort d’au moins onze policiers. Plus soixante-dix personnes ont été blessées, en grande majorité également des policiers.
L’attaque a été revendiquée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation considérée comme terroriste par les autorités turques. Le gouverneur de la province de Sirnak, dont fait partie Cizre, a indiqué que trois civils se trouvaient parmi les blessés.
«Notre équipe kamikaze a mené une action à Cizre qui a fait des dizaines de tués dans la police», déclare sur son site le PKK, qui gonfle traditionnellement ses bilans, précisant que cette attaque était en représailles à «l’ isolement persistant» de son chef emprisonné Abdullah Ocalan et «le manque d’information» sur sa situation.
Le gouvernement turc a expliqué que les auteurs de l’attentat avaient volontairement pris pour cible le convoi de Kemal Kilicdaroglu, chef de file du Parti républicain du peuple (CHP), qui est sorti indemne. Le PKK a démenti cette affirmation, indiquant ne pas avoir intentionnellement visé le dirigeant de la formation laïque qui appartient à l’opposition. Le quartier général des forces antiémeutes de la ville a été dévasté par la violente explosion, qui a eu lieu à 50 mètres du bâtiment, au niveau d’un poste de contrôle. Les immeubles voisins ont également été endommagés par la déflagration, certains étaient encore en flammes quelques heures après.
Deux jours après l’offensive turque
Si Cizre, 100.000 habitants, est située proche de la frontière syrienne, les autorités soupçonnent les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan d’être à l’origine de cet attentat. Le premier ministre turc a promis des représailles contre les responsables. «Nous donnerons la réponse qu’ils méritent à ces vils» assaillants, «aucune organisation terroriste ne peut prendre la Turquie en otage».
La Turquie cherche avant tout à stopper l’extension des kurdes à sa frontière alors que le Parti de l’Union démocratique (PYD), principale milice kurde de Syrie, qui bénéficie du soutien militaire américain, élargit ses territoires. Les YPG (Unités de protection populaire) sont considérés par Ankara comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan, et à ce titre comme une grave menace pour sa sécurité.
Le PKK est à nouveau en conflit armé avec l’armée dans le sud-est de la Turquie depuis que le président Recep Tayyip Erdogan a décidé de mener une guerre «synchronisée» en juillet 2015 contre les djihadistes de l’Etat islamique et les indépendantistes kurdes.