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Zaman – 10/11/2014
Le tourisme religieux représente un marché de 50 millions de dollars et de 40 millions de visiteurs en Turquie. Un enjeu économique mais aussi culturel important pour le pays qui peut s’appuyer sur la richesse d’un héritage historique unique au confluent des trois religions monothéistes.
Le tourisme est devenu depuis quelques années un secteur majeur de l’économie turque. Mais cette évolution ne s’est pas faite sans mutation, en particulier depuis la fin des années 90.
En à peine une décennie, la Turquie s’est hissée au 10e rang mondial en terme d’accueil de touristes étrangers. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement turc place de grands espoirs dans ce secteur d’activité. Il prévoit 40 millions de visiteurs et 50 millions de dollars de recettes à l’horizon 2013.
Ce qui représente un doublement des chiffres de ce secteur par rapport à 2007, date de lancement du « plan de développement stratégique du tourisme en Turquie » mis en place par le ministère turc du Tourisme. Il s’agit généralement d’un voyage dont le but est la visite de lieux ou de bâtiments saints.
Globalement, il « répond au désir d’intégrer la religion dans la vie de tous les jours et est vu comme une façon de vérifier sa spiritualité » selon le site internet veilletourisme.ca du Réseau de veille en tourisme.
En cela, la Turquie est un terreau idéal pour les adeptes du tourisme religieux. Les trois religions monothéistes que sont l’islam, le christianisme et le judaïsme y sont représentées à travers la diversité des lieux de cultes qui jalonnent sa géographie.
La ville de Mardin, située au sud-est du pays, a connu ces dernières années une importante augmentation du tourisme religieux.
Istanbul, la ville la plus visitée de Turquie (7,5 millions de visiteurs en 2009), symbolise ce multiculturalisme par ses mosquées, synagogues et églises qui amènent des peuples du monde entier à venir s’y recueillir ou tout simplement à les visiter. Elle est également la seule ville construite à la charnière de deux continents.
Ces particularités font d’Istanbul une des premières destinations du tourisme religieux. « Istanbul est une ville construite par diverses cultures, civilisations et religions célestes, avec en tête l’islam. Plusieurs religions et civilisations ont été accueillies dans cette ville. De ce point de vue, Istanbul est une ville qui peut représenter un modèle au monde entier » a déclaré Mehmet Görmez, le président de la Direction des affaires religieuses en Turquie lors du sommet du tourisme de croyance à Istanbul en 2010.
La ville possède des monuments très importants tels que la Mosquée bleue ou le complexe d’Eyüp (du nom d’un compagnon du Prophète mort à Istanbul en 670) qui figurent parmi les lieux de culte islamiques les plus importants. Ayasofya, qui fut tour à tour une basilique chrétienne au VIe siècle, une mosquée au XVe siècle et enfin un musée à partir de 1934, exprime toute la richesse et l’éclectisme de l’ancienne capitale ottomane.
Malgré la dominante musulmane, l’orientation de la Turquie vers le tourisme religieux lui permet d’attirer en son sein des touristes d’autres confessions. Elle possède un très riche patrimoine chrétien, héritage des années pré-ottomanes, quand l’Anatolie était occupée par les Byzantins, les Arméniens ou les Araméens.
La ville d’Ani, proche de la frontière arménienne, aussi appelée « la ville aux mille églises », était le siège du catholicos (équivalent du patriarcat) de l’Eglise apostolique arménienne et possède bon nombre de basiliques à visiter.
Le temple d’Artémis à Ephèse dans la région d’Izmir, une des sept merveilles d’Alexandre le Grand, est aussi un des lieux prisés du tourisme chrétien. Même si la mésentente existante au niveau étatique entre Israël et la Turquie a provoqué une défection du tourisme israélien, les autorités turques n’ont cependant pas occulté le fait que le judaïsme fasse partie de leur histoire.
Le tourisme religieux juif ne tient pas vraiment du pèlerinage mais de l’apprentissage de l’histoire, du devoir de mémoire. La Turquie possède de nombreux sites juifs, concentrés surtout dans la région de l’Anatolie. La ville d’Istanbul ne compte pas moins de 18 synagogues. La plus ancienne étant la synagogue Ahrida dans le quartier de Balat qui date du 15e siècle.
Le mausolée d’Avraham de Camondo, dans le quartier de Hasköy, est également un des sites les plus visités par la population juive. Que ce soit dans l’Anatolie occidentale ou dans les cités antiques de Tarse et d’Antioche au sud-est du pays, les adeptes du tourisme religieux, toutes religions monothéistes confondues y trouveront leur bonheur.
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