Le référendum de dimanche sur l’élargissement des pouvoirs du chef de l’État, s’annonce serré. Une dissidente divise la droite.
Profil
1956. Naissance à Izmit (ouest).
1995. Députée de centre-droit
2001. Rejoint le MHP ultranationaliste.
Si le très conservateur président Recep Tayyip Erdogan perd le référendum censé lui octroyer les quasi-pleins pouvoirs, il le devra à une femme au caractère bien trempé. En quelques mois, Meral Aksener, 60 ans, est devenue l’une des voix les plus bruyantes de la campagne du « non ».
Le gros des opposants à la réforme de la Constitution se situe à gauche et au centre. Aksener, elle, est tombée toute petite dans la marmite de l’extrême droite. À la fac, elle milite aux Foyers idéalistes, une organisation de jeunesse ultranationaliste, avant de devenir prof d’histoire.
Pourtant, lorsqu’elle entre en politique, c’est sous les couleurs du centre-droit du président Demirel. En 1996, quand un scandale emporte le ministre de l’Intérieur, la jeune députée est bombardée à sa place. Le pouvoir a sans doute besoin des connexions d’Aksener pour contrôler les milieux interlopes, mêlant mafieux et ultranationalistes, qui exécutent les sales boulots d’un État aux prises avec la guérilla kurde.
Au début des années 2000, Aksener retourne au bercail de l’extrême droite et adhère au MHP. Son panache roux et son talent oratoire font de l’ombre au chef, Devlet Bahçeli : aux législatives de novembre 2015, il la raye des listes, provoquant une bronca dans les rangs.
Depuis, l’énergique Aksener mène une vendetta. Contre Bahçeli bien sûr. Et contre Erdogan qui a satellisé le parti d’extrême droite. Ces derniers mois, des centaines de cadres du MHP ont démissionné pour rejoindre l’égérie. Ses meetings drainent des foules… au point de donner des sueurs froides à l’autoritaire chef de l’État.
Curieusement, nombre de ces réunions publiques ont été interdites par les préfets.