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Médiapart, le 16/08/2020
par Antoine PERRAUD
Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, nationaux-populistes altérés d’âge d’or, prennent ostensiblement pied en Syrie et en Libye. Quelle place espèrent tenir ces héritiers autoproclamés de l’Empire tsariste et de l’Empire ottoman ?
L’alliance de circonstance russo-turque en Syrie ne relève pas d’un tournant mais plutôt d’une anomalie de l’histoire, que favorisent la nullité de l’Amérique trumpienne et l’impuissance européenne – elle-même illustrée par l’insigne sortie de route diplomatique française. Voilà un chassé-croisé qui tient du chamboule-tout : d’une part, Paris oublie la relation privilégiée avec le Grand Turc en vigueur de François Ier à Charles de Gaulle (dont le dernier voyage officiel à l’étranger eut lieu à Ankara) ; d’autre part, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan font fi de tout ce qui opposa jadis, divise aujourd’hui et dissociera demain leurs deux pays.
Guère besoin de gratter longtemps pour que craquelle le vernis des relations entre Moscou et Ankara. Début juillet encore, le patriarche russe Kirill s’en prenait à la volonté du président démagogue islamo-conservateur Erdogan de reconvertir en mosquée le musée qu’était devenue, depuis 1934, sur décision de Mustafa Kemal, l’ancienne basilique Sainte-Sophie de Constantinople (les orthodoxes ont toujours du mal à dire Istanbul) : « Toute tentative d’humilier ou de piétiner l’héritage spirituel millénaire de l’Église de Constantinople est perçue par le peuple russe – jadis comme aujourd’hui – avec amertume et indignation », a ainsi lancé le patriarche de Moscou.
Une telle déclaration semble raccord avec l’esprit de la guerre de Crimée (1853-1856), qui vit l’Empire russe affronter l’Empire ottoman – soutenu par la France et le Royaume-Uni. La Russie perdit. On a retenu le folklore : la charge de la brigade légère, ou encore le « j’y suis j’y reste » de Mac Mahon à Malakoff, après le siège de Sébastopol. Mais ce fut, à plus d’un titre, un événement marquant : un conflit à la fois profondément identitaire (aux allures de croisade côté russe), étonnamment moderne (les premières photographies d’un champ de bataille qui annonce 1914-1918) et incroyablement révélateur (la poussée russe vers « les mers chaudes », au détriment d’une entité ottomane sur le déclin et bientôt à dépecer).
© L’Histoire par les cartes
L’Orient taraude la psyché russe, chez les tsars, au Politburo, ou au Kremlin poutinien. En ligne de mire ultime, rien de moins que la reconstitution de l’Empire byzantin. C’est une préoccupation gigogne : elle cache la question méditerranéenne, qui elle même contient l’ouverture sur les Détroits, qui nécessite donc la maîtrise de la mer Noire. Et ce, de Pierre le Grand à Poutine, en passant par Catherine II et Staline. Du Bosphore au Machrek (le monde arabe hors Maghreb), Libye incluse, une vieille et tenace obsession en cours à Saint-Pétersbourg puis à Moscou exige d’avoir la voie libre. Au nom à la fois de la supériorité slave prenant sa revanche sur l’Occident et de la protection des chrétiens d’Orient damant le pion à l’islam. Rien de plus simultanément archaïque et contemporain…
À l’issue de la sixième guerre russo-turque (1768-1774), l’Empire tsariste obtint la Crimée : enfin un débouché sur la mer Noire. En 1812, à la suite de la huitième guerre menée contre l’Empire ottoman, la Russie annexa la Bessarabie (qui correspond peu ou prou à l’actuelle République de Moldavie). Staline, en 1945, devait obtenir que le glacis soviétique englobe la Roumanie et la Bulgarie – mais il allait se casser les dents sur la Grèce deux ans plus tard, perdant de peu l’objectif de s’emparer du port crucial de Salonique.
Restait à neutraliser, pour protéger le flanc méridional de l’URSS, la Turquie, réduite à sa plus simple expression géographique (traité de Lausanne de 1923) et donc privée de ses possessions (Syrie-Liban, Mésopotamie, Palestine…). Les bolchéviques tentèrent en vain une jonction avec le kémalisme à la suite de la Grande Guerre et furent obligés, après le second conflit mondial, de voir Ankara tomber dans l’escarcelle de l’Otan. Mais Khrouchtchev obtint, à la faveur de la crise des missiles de Cuba (1962), que le retrait soviétique de l’île des Caraïbes s’accompagnât de l’évacuation des missiles américains (Jupiter) déployés en Turquie.
En 2020, à mesure que la Russie poutinienne retrouve son apanage diplomatique – incluant un tropisme soviétique qui s’inscrivait lui-même dans l’optique tsariste –, la Turquie, de son côté, ne se contente plus de sa position de moignon sous influence américaine. Recep Tayyip Erdogan a la mémoire impériale longue, la rancune expansionniste tenace, l’amertume coloniale intense. La France est à ses yeux la puissance qui bouta la Turquie hors d’Algérie en 1830, mettant fin à la régence d’Alger (Al Jazâ’ir en arabe), satellite ottoman depuis 1518.
Et quand la Turquie, dans son entreprise de reconquête en pointillé, retrouve aujourd’hui, en Libye, la France sur sa route, un autre télescopage historique entre en ligne de compte. La Sublime Porte, dont Ankara se veut désormais haut et fort la perpétuation, occupa la régence de Tripoli (la Libye actuelle) jusqu’en 1912, avant d’en être évincée par l’Italie (grâce à un soutien franco-anglais). Le président Erdogan ne cesse de convoquer le passé, d’une manière qui n’a pas mal réussi à l’État d’Israël au mitan du XXe siècle, se référant toujours à « ces terres où nos ancêtres ont marqué l’histoire ».
Ces terres libyennes comprennent donc trois provinces traditionnelles : le Fezzan, la Tripolitaine et la Cyrénaïque. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France administra, à l’intérieur, le Fezzan (qu’elle tenta d’agréger à son empire colonial, en l’occurrence l’Algérie). Tandis que le Royaume-Uni supervisa les territoires maritimes : la Cyrénaïque et la Tripolitaine – cette dernière ayant été réclamée, sans succès, par l’URSS auprès de ses alliés vainqueurs du nazisme. Une telle situation dura jusqu’en 1951, qui vit le royaume de Libye, officiellement indépendant, récupérer ces trois gouvernorats fondus en un État.
Aujourd’hui, la partition est à nouveau à l’ordre du jour, avec des appétits ogresques à l’œuvre et des revanches colossales à prendre. La Russie veut y mettre enfin pied botté. La Turquie veut à nouveau y compter coûte que coûte. Ces deux puissances rivales, mais à présent complémentaires, entendent d’abord éliminer les gêneurs en Libye. L’Amérique a tendance à s’auto-éliminer par les temps qui courent. Le Royaume-Uni a d’autres chats à fouetter. Reste la France, qui se rêve en puissance méditerranéenne sans avoir les moyens de son ambition. Elle offre à Moscou et Ankara, qui la mènent en bateau, un profil de contre-emploi idéal : la tête de Turc.
Une fois écartés les pays cumulant les souvenirs fâcheux du passé (des croisades à la colonisation), quand ce ne sont pas les expériences humiliantes contemporaines (la participation forcée à l’Otan), la Turquie se dressera fatalement contre la Russie. La tectonique des plaques géopolitiques reprendra ses droits, lorsqu’il ne restera plus que ces deux compétiteurs dans une position prépondérante : en Syrie aujourd’hui, en Libye demain. Alors reprendra du poil de la bête ce qu’il était convenu d’appeler, au XIXe siècle, « la question d’Orient ».
Il s’agissait d’abord et avant tout d’une question d’Occident, tant elle reflétait la violence des convoitises colossales de puissances européennes se parant de clichés ethnico-religieux pour asseoir leur domination – terrasser la fourberie mahométane de peuplades intrinsèquement rebelles. Aujourd’hui que la roue de l’histoire a de nouveau tourné, ce sont donc deux forces déchues devenues périphériques, la Russie et la Turquie, qui se veulent centrales, incontournables, déterminantes. Cela promet, d’autant qu’entre Moscou, qui ne s’est pas remise de la fin de l’URSS, et Ankara, qui n’a jamais digéré la dissolution ottomane, l’antagonisme ne demande qu’à se déplacer au Caucase du Sud et en Asie centrale : Azerbaïdjan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan se révèlent en effet champs de manœuvres, sinon de batailles à venir.
Nous voyons donc apparaître une série de mèches, déjà allumées ou en passe de l’être, alors que le chaos mis en place sous couvert d’ordre international issu de la Seconde Guerre mondiale accumule son lot d’explosifs : l’État d’Israël aux frontières immodérément mobiles ; l’incontrôlable islam politique – longtemps usé tel un contrepoison par l’Occident et ses marionnettes locales, pour saper l’anti-impérialisme dans les années 1960-1970, voire pour abattre les aspirations démocratiques en 2011. Et ce, alors que deux théocraties attendent chacune de ramasser la mise finale : l’Iran et l’Arabie saoudite – même s’il n’est pas interdit d’estimer venu enfin le temps d’une Syrie syrienne, d’une Libye libyenne, tout comme d’un Irak irakien, etc.
En Syrie et en Libye, fragments de cet habit d’Arlequin que s’avère l’Orient compliqué, la Reconquista concomitante envisagée par la Russie et la Turquie, ces deux chevaux de retour ne sachant manier que la brutalité militaire en guise de visée stratégique, n’aura peut-être servi, par le biais de carnages des populations civiles, qu’à déblayer le terrain pour qui saura tirer plus tard les marrons du feu. Et si Moscou et Ankara, qui prétendent s’inscrire dans des poussées ancestrales mues par de prétendus droits historiques, n’étaient qu’au milieu d’une impasse sanglante aux allures de coup pour rien ?…
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