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Le Monde, le 16/03/2016
Par
Frédéric Lemaître (Berlin, correspondant),
Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen) et
Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen)
La nuit où Merkel a fait plier l’Europe
Les coulisses des négociations de la chancelière, qui a obtenu le renvoi de réfugiés syriens vers la Turquie. Une victoire politique pour le président turc, à l’insu du Conseil européen.
Quelque chose s’est brisé en Europe dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 mars. La chancelière allemande, Angela Merkel, a fait prendre à l’Europe un virage à 180 degrés, la conduisant au renvoi des réfugiés de Grèce vers la Turquie, en fermant au passage les yeux sur la dérive autoritaire du président Erdogan. Le « coup » de la chancelière « laissera des traces, des blessures profondes », confient de nombreuses sources bruxelloises. La fille de pasteur qui donnait des leçons de morale à l’Europe entière sur la crise des réfugiés est désormais prête à renvoyer des Syriens qui ont risqué leur vie pour gagner la forteresse Europe. Une décision qu’elle assume. « Reprendre les Syriens est d’autant plus important qu’ils représentent environ 40 % des migrants. Il faut leur envoyer le signal qu’ils risquent, dans le meilleur des cas, leur argent et, dans le pire, leur vie en traversant la mer Egée », assure le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert.
Le 6 mars au soir, la veille d’un sommet européen extraordinaire sur la crise migratoire organisé à sa demande, Angela Merkel dîne avec le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, à l’ambassade de Turquie à Bruxelles, en compagnie du premier ministre néerlandais, Mark Rutte, qui assure la présidence de l’Union européenne (UE). La rencontre était prévue. Ce qu’elle n’avait pas dit aux autres dirigeants européens, c’est qu’elle allait négocier durant près de six longues heures ce plan du « un pour un » : un réfugié syrien accueilli en Europe pour un demandeur d’asile renvoyé de Grèce en Turquie. » Ce n’est pas une idée allemande mais cette proposition turque nous paraît une très bonne base de discussions « , explique M. Seibert, qui affirme que l’idée vient d’Ankara. Face aux divisions de l’UE et au manque de bonne volonté de la plupart des Etats pour accueillir des réfugiés, Angela Merkel prend les choses en main.
Les discussions se terminent vers 3 h 30 du matin. Lundi 7 mars, la surprise est totale en Europe. Diplomates, chefs d’Etat – à commencer par François Hollande – et fonctionnaires du Conseil et de la Commission se réveillent avec cette proposition totalement inattendue de renvoi des Syriens en Turquie, s’éloignant considérablement du plan sur lequel ils travaillent depuis des jours. Dimanche, les ambassadeurs avaient même l’impression d’être proches d’un accord. Ankara était supposé s’engager à reprendre tous les migrants économiques parvenus en Grèce. Les projets de conclusions commençaient à circuler, pendant que Mme Merkel et M. Davutoglu étaient en train de les réécrire.
Pour faire bonne figure, l’entourage de Donald Tusk qualifie la proposition germano-turc de » très ambitieuse « . En réalité, le président du Conseil européen est humilié, alors qu’il avait passé la semaine précédente à parcourir la route des Balkans pour convaincre les dirigeants des pays concernés – très hostiles à la politique de Mme Merkel – de rentrer dans le rang. Il avait fini son périple à Ankara, en rencontrant M. Davutoglu et le président Recep Tayyip Erdogan. A peine avait-il le dos tourné que le gouvernement turc prenait le contrôle du principal journal d’opposition Zaman, comme pour donner la mesure du mépris du numéro un turc envers l’Europe et ses valeurs. » Pour nous, les petits pays, les institutions de l’Union font figure de rempart, de protection, contre la puissance des grands pays. Ce qui s’est passé avec Tusk dimanche, cela nous inquiète vraiment beaucoup. Le Conseil ne compte plus, on se sent tout nus, vulnérables « , confie une source diplomatique chypriote, principale victime d’un accord qui remet en selle la Turquie en Europe.
» Mais rien ne va là-dedans »
Les institutions européennes, Angela Merkel les a court-circuitées depuis plusieurs mois en traitant directement avec Ankara. Elle sait que les Turcs ne font pas confiance aux autres Européens. Le plus proche collaborateur d’Angela Merkel, Peter Altmaier, ministre à la chancellerie chargé du dossier des réfugiés, est dépêché en Turquie quand Mme Merkel le juge nécessaire. Il ne cesse d’expliquer qu’Ankara, en accueillant tous les réfugiés syriens, a un comportement qui correspond davantage aux valeurs européennes que bien des pays de l’Union. Tout est fait pour ne pas fâcher la Turquie. Mme Merkel rencontre M. Erdogan en octobre 2015, juste avant les élections législatives turques. Fin février, le gouvernement allemand parvient à convaincre les Verts de ne pas mettre à l’ordre du jour du Bundestag une proposition de loi reconnaissant le génocide arménien. Et les atteintes à la liberté de la presse sont pudiquement passées sous silence par Berlin.
Le sommet du 7 mars est qualifié d' » horrible « . Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, lance à ses pairs : » Et si les Turcs en reprennent un million, on en récupère un million ? » Il s’oppose farouchement au principe des réinstallations directes de Turquie en Europe, menaçant d’un veto. Nicos Anastasiades, le président de Chypre dont la Turquie occupe la partie nord, passe le plus mauvais moment, voyant ses pairs prêts à le sacrifier pour résoudre la crise des migrants. L’Italie, la Belgique, le Luxembourg demandent, en vain, que les conclusions soient plus fermes sur la liberté de la presse en Turquie.
Plus courtisée que jamais, la Turquie de M. Erdogan savoure sa revanche. Au point mort depuis 2010, la relation avec l’UE se présente désormais sous les meilleurs auspices. Ankara se retrouve en mesure de dicter ses conditions : réouverture des pourparlers d’adhésion, libéralisation du régime des visas, ainsi qu’une rallonge de 3 milliards d’euros en plus des 3 milliards déjà promis en novembre. A l’époque, M. Erdogan s’était montré méprisant devant le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker : » Dans l’UE, rien n’est fait pour nous. Cet argent n’est pas pour la Turquie mais pour les réfugiés. De plus, vous prélevez une partie sur les fonds qui nous sont dus au titre de l’adhésion. Nous attendons depuis cinquante-trois ans. Vous vous moquez de nous. »
Pendant le déjeuner du 7 mars avec M. Davutoglu, certains chefs d’Etat et de gouvernement s’interrogent toujours sur le sens du document germano-turc. L’un d’eux le photographie avec son téléphone et le transmet à ses conseillers pour qu’ils le décodent. » Mais rien ne va là-dedans « , s’exclame un expert en découvrant le texte. Le premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, qui est juriste, se demande si » tout ça tiendra devant un juge « . Après consultation de ses services, Jean-Claude Juncker assure que oui. Chez les ambassadeurs européens, la méthode allemande ne passe toujours pas. Le 9 mars, ils se retrouvent, déprimés, pour préparer le sommet des 17 et 18 mars. » On se demande pourquoi on existe « , dit l’un d’eux. Un autre lâche : » Heureusement que mon chef – le ministre – était de bonne humeur quand j’ai dû lui dire que j’ignorais tout du texte allemand… »
Ce qui s’est brisé aussi dans cette nuit du 6 au 7 mars, c’est une partie de la confiance que les autres Européens avaient en Angela Merkel et sa méthode pragmatique. La manière qu’avait eue Berlin, en juillet 2015, de faire plier Athènes, en menaçant d’un » Grexit « , avait déjà choqué, mais les Grecs avaient lassé de nombreux pays de l’Union. » Nous ne sommes pas contents de ce qui s’est passé lundi « , dit un haut dirigeant européen. » Merkel avait probablement besoin d’être seule, dimanche, pour parler des réinstallations en Europe avec les Turcs – la plupart des autres Européens ne veulent pas en entendre parler – . Mais nous sommes tous attachés à des solutions européennes. Cela vaut pour le chancelier autrichien Faymann, quand il décide seul de fermer la route des Balkans, mais aussi pour Merkel « , souligne ce dirigeant.
Le chancelier autrichien, Werner Faymann, a longuement expliqué, dimanche 13 mars à la télévision, les raisons pour lesquelles il a décidé de lâcher Angela Merkel, alors qu’il avait été depuis l’été son principal soutien. Il affirme avoir eu la certitude intime qu’elle n’arriverait pas à imposer sa solution au niveau européen. » Il m’est apparu de plus en plus clairement qu’il y avait des personnes en Allemagne qui s’étaient dit : bon, il va en venir encore un ou deux millions, il y en a 300 000 ou 400 000 qui resteront en Autriche. Ça ne marche pas comme ça. On n’est pas la salle d’attente de l’Allemagne. »
Le chancelier social-démocrate tente de récupérer politiquement la décision de fermeture de la route des Balkans, qui a été prise par le ministre des affaires étrangères, Sebastian Kurz, et la ministre de l’intérieur, Johanna Mikl-Leitner, tous deux membres du Parti populaire, la formation de droite de la coalition au pouvoir à Vienne. » L’erreur de Merkel est d’avoir cru que son interlocuteur était Faymann. En fait, celui qui siège au -Conseil à Bruxelles n’est pas celui qui décide à Vienne sur ce dossier « , confie une source européenne. Le ministre de l’intérieur allemand, Thomas de Maizière, qui s’est démarqué de la chancelière sur le dossier des réfugiés, a ostensiblement félicité Mme Mikl-Leitner d’avoir fait le sale boulot…
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