Le Premier ministre grec Alexis Tsipras et son homologue turc, Binali Yildirim, ont convenu lundi à Athènes de renforcer la coopération en matière touristique et énergétique, malgré les tensions en mer Egée où des différends historiques persistent.

«Notre agenda positif dans des secteurs stratégiques doit être développé (…), nous accélérons (…) notre coopération en matière de transports, d’énergie, d’investissements et de tourisme», a déclaré Alexis Tsipras aux médias à l’issue d’un entretien avec son homologue turc.

Les deux voisins collaborent étroitement dans la construction des gazoducs (TAP et Turkish stream) qui doivent transporter du gaz en Europe via la Turquie.

M. Tsipras a toutefois mis en garde contre «les violations turques des eaux territoriales grecques en mer Egée et de l’espace aérien» qui se sont intensifiées, selon lui, ces neuf derniers mois.

«L’Egée doit rester une mer de paix et de stabilité», a-t-il insisté, soulignant que «les principes de bon voisinage et de respect mutuel doivent prévaloir».

Pour sa part, Binali Yildirim a fait valoir que «des violations ont eu lieu de deux côtés».

Il vaut mieux «se concentrer sur les sujets sur lesquels nous sommes d’accord et non pas sur les différends», a jugé le Premier ministre turc.

Sur le front des relations UE-Turquie, Binali Yildirim a remercié son homologue grec pour son soutien à l’adhésion de la Turquie au sein du club européen.

Il a toutefois réitéré la demande de la Turquie pour la mise en œuvre des promesses européennes dans le cadre du pacte UE-Ankara, qui a contribué à la réduction considérable du flux migratoire des côtes turques vers l’Europe.

En contrepartie de ce pacte signé en mars 2016, l’UE a promis à Ankara une enveloppe de trois milliards d’euros, renouvelable une fois, et a accordé une exemption de visas pour les ressortissants turcs.

 

Chypre

A dix jours d’une nouvelle réunion internationale sur l’épineuse question de Chypre, les deux dirigeants ont exprimé leur espoir pour «une solution viable et juste» tout en se montrant prudents à l’égard des déclarations récentes de l’émissaire des Nations unies Espen Barth Eide, presse pour une solution rapide de la question.

Ce dernier a indiqué la semaine dernière que la prochaine réunion du 28 juin sur Chypre à Crans Montana, en Suisse, sous l’égide de l’Onu, «était vraiment une opportunité historique».

Les autorités garantes de la souveraineté de l’île –la Grèce, la Turquie et la Grande-Bretagne– participeront également à la conférence, tout comme un représentant de l’Union européenne en tant qu’observateur.

«Nous cherchons à ouvrir des voies pour donner des solutions», s’est limité à dire M. Tsipras.

Interrogé par les médias sur le sujet délicat du refus de la justice grecque d’extrader les huit officiers turcs ayant fui en Grèce lors du putsch raté en juillet 2016, M. Yildirim a assuré qu’Ankara «respectait les décisions rendues par la justice», et a laissé entendre qu’Ankara ne tenait pas à en faire un casus belli.

«Nous ne voulons pas que les putschistes endommagent les relations entre la Grèce et la Turquie», a-t-il dit.

Binali Yildirim devait se rendre dans la soirée en Thrace, dans le nord-est de la Grèce, où vit une minorité musulmane turque, avant de rentrer dans son pays.