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L’Express, le 27/06/2019
Par Christian Makarian,
Ecrivaine et essayiste turque, Ece Temelkuran, auteur de Comment conduire un pays à sa perte. Du populisme à la dictature (Stock), décrypte le système Erdogan.
Recep Tayyip Erdogan veut-il faire de la Turquie le « phare de l’islam » en s’appuyant sur les immigrés turcs d’Europe occidentale ?
Ece Temelkuran : Faut-il que les démocraties occidentales soient idéologiquement démunies pour en arriver à autoriser ce genre d’infiltration ! Exporter l’enjeu intérieur turc en Europe occidentale et en récupérer les bénéfices sur la scène politique nationale aurait été impossible si les pays occidentaux étaient moins préoccupés par leurs propres mouvements populistes et moins englués dans la crise de leurs idéaux. Les musulmans sont ciblés par la propagande qui consiste à leur dire : « Vous êtes opprimés, seul notre grand leader Erdogan peut vous défendre contre votre éradication. » Or, ironiquement, cela fonctionne beaucoup mieux auprès des communautés musulmanes européennes qu’au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord. C’est ironique parce que les idéologues occidentaux, particulièrement les experts en communication de la Maison-Blanche, avaient choisi Erdogan comme leader exemplaire des pays musulmans après le 11 septembre 2001. L’idée était de tempérer les inclinations radicales au sein de l’islam et à promouvoir le « mariage parfait entre l’islam modéré et la démocratie » comme remède politique au fondamentalisme. Cette vision faisait du monde sunnite ainsi contrôlé un partenaire normalisé. Ce projet a échoué après les « printemps arabes » ; Erdogan a aussitôt cessé d’être le héros des rues arabes. Le « leader de l’islam », ainsi que les Occidentaux le voyaient, s’est alors retourné contre ses promoteurs en électrisant les musulmans des pays européens. Ça a marché, mais pas dans le sens souhaité. Mais je ne crois pas qu’Erdogan profite de la cause de l’islam ; il exalte plutôt le sentiment d’oppression et utilise la victimisation pour promettre le retour de la grandeur. En ce sens, son calcul n’est pas si différent de celui de Nigel Farage au Royaume-Uni ou de Matteo Salvini en Italie.
L’idée d’une « religion consulaire » contrôlée depuis Ankara est-elle acceptable pour les autres musulmans ?
Je ne sais pas si l’État contrôle la religion ou si c’est l’inverse. En Turquie, il y a un marchandage continuel entre les confréries musulmanes et l’appareil d’État depuis le début de la République. Notamment après les années 1980, où, contrairement à ce que croyaient les Occidentaux, l’État a été infiltré par des sectes islamiques, dont la plus connue était le mouvement de Fethullah Gülen.
Quel but intérieur vise Erdogan par le biais des musulmans d’Europe ?
Ce qui se passe avec Erdogan est une nouveauté pour nous, enfants de la République séculariste fondée en 1923. Définir la Turquie comme un pays musulman nous a été imposé par Erdogan. Quand j’étais écolière, la carte de géographie qui figurait dans la classe représentait les pays européens sous des couleurs vives et le Moyen-Orient en gris-jaune.
Le message idéologique était clair : nous appartenions à l’Europe. Depuis qu’Erdogan est au pouvoir, nous assistons à un changement de définition de la nation qui nous rattache, de fait, au Moyen-Orient, anciennement territoire de l’Empire ottoman. En d’autres termes, il existe bel et bien dans le projet islamiste un enjeu intérieur qui se joue à chaque élection, et même dans nos vies quotidiennes.
Quel type d’islam ce projet recouvre-t-il ?
C’est moins la version de la religion qui importe que le type de modèle politique. Avec l’émergence de leaders tels qu’Erdogan, les choses s’éclaircissent. Ces hommes, car il s’agit majoritairement d’hommes, exploitent politiquement une fierté brisée. Ils racontent au peuple que pour rétablir cette fierté il faut s’en prendre aux fondements de la culture occidentale. Ils ne disent jamais que la dignité humaine est en réalité dégradée par le manque de justice sociale. Il est donc facile pour ce genre de politiciens de mobiliser leurs troupes contre de faux responsables comme les intellectuels, les journalistes et les institutions démocratiques.
Nous sommes maintenant confrontés à de nouveaux types d’individus – et ils ne sont pas seulement musulmans – qui portent l’ignorance et la vulgarité comme une médaille d’honneur et qui organisent le soutien aux leaders de la banalité. Je désigne tout autant les chefs de l’extrême droite populiste européenne. C’est un nouveau monde dont la haine devient le centre.
Erdogan a-t-il une stratégie différenciée selon les pays d’Europe visés ?
Erdogan n’est pas le seul concerné, toute l’extrême droite populiste est animée par des pragmatiques impitoyables qui n’élaborent pas de stratégies très sophistiquées, ils optent pour tout ce qui peut marcher. Le seul objectif est de concentrer les pouvoirs et de les garder. Une fois que les supporteurs reconnaissent le leader comme « leur » homme en place, il est facile de les regrouper et de les orienter dans la direction voulue.
Quel est le rôle spécifique dévolu à la France dans ce plan ?
Je tournerais la question autrement : est-ce que la France a vraiment une vision ? Je me souviens de l’incident sur la plage de Cannes, il y a quelques années, où une femme avait été interdite de burqa. Ce fut un moment misérable pour la pensée politique occidentale. Puisqu’ils n’arrivent pas à apporter à l’islam radical une réponse morale, idéologique et philosophique, les politiciens prennent des mesures pratiques sans aucun effet.
Quand j’ai vu cette scène, j’ai pensé que l’Occident ne pourra plus promettre une vie meilleure au reste du monde s’il ne peut défendre sa civilisation que par le recours à la force policière. La République turque a été largement inspirée par l’exemple positiviste de la France, c’est la raison pour laquelle l’islam politique fait de ce pays sa cible privilégiée dans sa critique de la modernité.
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