Initiative politicienne, dangereuse et malheureuse
Communiqué de presse
d'A TA TURQUIE – Centre Culturel Anatolie – Turquie Européenne
Le 18 mai prochain l’Assemblée nationale doit examiner, et vraisemblablement adopter, une proposition de loi présentée par les députés socialistes. Le texte qui complète la loi n° 2001-70 du 29 janvier 2001 sur la reconnaissance du génocide arménien réprimera pénalement sa négation.
Les signataires souhaitent dénoncer une initiative politicienne, dangereuse et malheureuse.
A un an des élections présidentielles, il est en effet difficile de ne pas y voir en premier lieu une tentative de récupération des voix des Français d’origine arménienne.
Mais au-delà de ce constat un tel vote est incontestablement préjudiciable à la recherche scientifique. Il est d’autant plus incompréhensible qu’il intervient après la déclaration du Président de la République : « Dans la République, il n’y a pas d’Histoire officielle. Ce n’est pas à la loi d’écrire l’Histoire. L’écriture de l’Histoire c’est l’affaire des historiens. » ; et surtout après le lancement en décembre dernier par plusieurs historiens d’une pétition (« Liberté pour l’Histoire ») demandant l’abrogation des articles de loi contraignant la recherche et l’enseignement de cette discipline et qu’ils jugeaient indignes d’un régime démocratique.
Enfin la proposition de loi qui a déjà provoqué le rappel à Ankara de l’ambassadeur turc à Paris, a fait l’effet en Turquie d’un « chiffon rouge », toutes familles politiques confondues. Faut-il y voir une manipulation de la part des « turcosceptiques »? On peut le penser à un moment où plus que jamais le candidat à l’adhésion modifie quotidiennement sa législation en vue de respecter les critères européens et alors que les drames de 1915 ne sont plus une question taboue, comme nous le rappelle la dernière déclaration des intellectuels turcs. Ceux-ci soulignent, à juste titre, que les polarisations issues des perceptions opposées des deux mémoires nationales, différentes et concurrentes aboutissent au renforcement de monologue. Comme eux, nous pensons que cette initiative du groupe socialiste renforcerait l’incapacité des deux partis à transmettre la manière de percevoir le problème.
Oui, la Turquie doit revisiter son passé ottoman et reconnaître une tragédie qui n’a pas été limitée à la seule communauté arménienne de l’Empire agonisant. Mais ce travail de mémoire incombe aux historiens et en premier lieu aux historiens turcs ; et certainement pas aux hommes politiques français influencés par un groupe de pression ultra minoritaire mais activiste dont l’un des représentants n’hésitait pas, récemment, à déclarer lors d’une manifestation officielle à laquelle participaient représentants de l’Etat et élus locaux : « Chers compatriotes, contre la Turquie, nous allons continuer à nous organiser. Nous organiser pour mieux nous mobiliser. Nous mobiliser pour mieux atteindre nos objectifs. Mieux atteindre nos objectifs pour gagner. Non seulement pour la reconnaissance du génocide mais aussi pour l’édification d’une Arménie libre, indépendante et réunifiée pour que tous ensemble, nous puissions reprendre possession de Van, Mouch, Kars, Sassoun, Bitlis et Erzeroum. »
Contact :
A TA TURQUIE – 43, rue Saint-Dizier – 54000 Nancy – 03 83 37 92 28
– Bernard DELMAS
– Murat V. ERPUYAN
Info supplémentaire :
www.ataturquie.asso.fr
www.cca-anatolie.com
www.turquieeuropeenne.org
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