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Le Monde, le 10/11/2020
Par Rémy Ourdan
RÉCIT
Le cessez-le-feu signé sous l’égide de Moscou entérine la victoire de l’Azerbaïdjan dans la région disputée.
C’est parfois ce qui arrive lorsque, durant quarante-quatre jours de guerre, on ment à son peuple sur la réalité du champ de bataille : l’incompréhension et la colère se sont emparées d’Erevan dans la nuit de lundi 9 à mardi 10 novembre, peu après l’annonce d’un accord de « cessez-le-feu total » au Haut-Karabakh, conclu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sous l’égide de Moscou. A force de publier tous les jours des communiqués de victoire, de ne préparer le pays à l’idée ni d’une défaite militaire ni d’une perspective d’accord politique, le gouvernement arménien a perdu sa crédibilité.
« Le président de l’Azerbaïdjan, [Ilham] Aliev, le premier ministre de l’Arménie, [Nikol] Pachinian, et le président de la fédération de Russie ont signé une déclaration annonçant un cessez-le-feu total et la fin de toutes les actions militaires dans la zone du conflit », a annoncé dans la nuit le président russe, Vladimir Poutine. M. Aliev s’est félicité d’« une capitulation » de l’Arménie : « J’avais dit qu’on chasserait [les Arméniens] de nos terres comme des chiens, et nous l’avons fait. » M. Pachinian a pour sa part évoqué « une décision incroyablement douloureuse pour moi et pour notre peuple ».
Statut d’autonomie écarté
Pour l’Arménie et la « République d’Artsakh » (le Haut-Karabakh, une région peuplée par les deux communautés au fil de son histoire, conquise par l’Arménie après l’effondrement de l’URSS et dont l’indépendance de l’Azerbaïdjan ne fut jamais reconnue par la communauté internationale, ni d’ailleurs par Erevan), la défaite est cuisante. L’Arménie perd le contrôle militaire du Haut-Karabakh au profit d’une « force de paix » russe.
L’accord négocié par Moscou prévoit que les forces armées cessent le combat sur « les positions qu’elles occupent », que l’Azerbaïdjan reprenne le contrôle de l’intégralité des sept districts voisins du Haut-Karabakh qui lui échappaient, et que les Azerbaïdjanais expulsés puissent revenir chez eux sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU). Le statut futur du Haut-Karabakh, au territoire désormais amputé, n’est pas tranché, mais M. Aliev a exclu, dans une intervention télévisée, un statut d’autonomie.
La Russie, qui déploie deux mille soldats dans le Haut-Karabakh pour une durée initiale de cinq ans, sera la garante de l’existence de deux nouveaux « corridors » : l’un reliant les territoires karabakhtsis sous contrôle arménien à l’Arménie, qui remplacera le « corridor de Latchine », coupé par l’offensive azerbaïdjanaise, et qui contournera Chouchi ; et un autre reliant le Nakhitchevan, un territoire azerbaïdjanais enclavé en Arménie, à l’Azerbaïdjan – et donc aussi la Turquie à l’Azerbaïdjan.
Tandis qu’à Bakou on célébrait dans la liesse populaire la revanche sur la première guerre du Haut-Karabakh (1988-1994), à Erevan des protestataires, emmenés par des volontaires en treillis, envahissaient la place de la République et prenaient d’assaut les sièges du gouvernement et du Parlement. Certains sont ensuite partis pour la résidence de Nikol Pachinian avec l’intention de « tuer le traître ».
Trois reproches principaux
Si M. Pachinian est resté invisible, le président du Parlement, Ararat Mirzoyan, a été violemment pris à partie par des manifestants. A l’aube, c’est le président arménien, Armen Sarkissian, qui affirmait que « le sort de l’Artsakh et du peuple arménien ne peut être décidé que si les intérêts nationaux sont respectés et sur la base d’un consensus national », contestant au premier ministre le droit de signer un tel accord de paix. Les règlements de comptes politiques ne font que commencer à Erevan.
Trois reproches principaux émergent dans les critiques entendues dans la nuit érévanaise, et même au cours des dernières semaines au sein des élites qui comprenaient que la guerre, en dépit des annonces officielles, allait peut-être être perdue. Le premier est l’impréparation militaire face à un Azerbaïdjan qui n’a jamais fait mystère de sa volonté de reconquête et qui peut compter sur le soutien de la Turquie, un pays membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à l’armée puissante. « Après cette guerre, il va falloir tout changer, confiait déjà un officiel de Stepanakert, la “capitale” du Haut-Karabakh, avant la déroute. Changer de dirigeants. Reconstruire une véritable armée. Et faire des choix diplomatiques forts, notamment en faveur de Moscou, car les Etats-Unis et l’Europe nous ont abandonnés. »
La seconde critique concerne ces communiqués patriotiques de victoire qui se sont révélés de jour en jour plus mensongers, alors que, depuis le premier jour de guerre, le 27 septembre, malgré la détermination au combat des Arméniens et une foi inébranlable en leur victoire, jamais l’offensive azerbaïdjanaise n’a été stoppée ni mise en péril. Certains soupçonnent désormais Erevan d’avoir toujours su que cette guerre serait perdue, et d’avoir envoyé des jeunes de 20 ans « mourir pour rien », comme le pense un combattant, effondré.
La troisième critique vient de ceux qui veulent au contraire continuer le combat. Ceux-là rappellent que Chouchi fut perdue et Stepanakert coupée du monde durant la guerre des années 1990, puis que Chouchi fut hardiment reconquise, et qu’à la fin, c’est l’Arménie qui avait vaincu l’Azerbaïdjan. « Pourquoi, cette fois-ci, ne pas combattre aussi jusqu’au bout, des années s’il le faut ? », s’interroge un homme qui, sentant bien que le conflit ne tournait pas à l’avantage de son pays, venait de décider de s’engager.
Car c’est la chute de Chouchi (Choucha, pour les Azerbaïdjanais) qui fut, cette fois encore, le tournant de la guerre. La cité historique est à la fois une « Jérusalem du Karabakh » pour les deux communautés, et une ville stratégiquement située sur une montagne qui domine Stepanakert. Sa conquête achevée le 8 novembre par les forces azerbaïdjanaises, en trois jours et deux assauts, a symboliquement scellé la déroute des combattants arméniens. Sauf accord de cessez-le-feu, l’étape suivante était inévitablement l’attaque de Stepanakert, où un ordre d’évacuation a été proclamé la veille de la chute de Chouchi, et qui n’était préparée à subir ni un siège ni un assaut.
Redoutable percée
La fin de la guerre ne pouvait, dans ce contexte de redoutable percée azerbaïdjanaise, survenir qu’à deux moments : soit après la perte complète du Haut-Karabakh ; soit après la chute du symbole de Chouchi, suffisamment satisfaisante pour que Bakou accepte d’arrêter son offensive.
Outre l’autorité de Vladimir Poutine dans le Caucase du Sud et ses tractations avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, le coût humain de la guerre, certainement terrible, a pu aussi jouer un rôle dans l’acceptation d’un cessez-le-feu. Si les civils ont été relativement épargnés (45 morts côté arménien et 93 morts côté azerbaïdjanais), des milliers de combattants se sont sacrifiés d’un côté pour conquérir le territoire disputé et de l’autre pour le défendre. Il y a quelques jours, M. Poutine a évoqué un bilan possible de cinq mille morts. Si l’on en croit les témoignages de commandants de lignes de front rencontrés ces dernières semaines, ce pourrait être bien davantage. Côté arménien, le comptage sera par ailleurs compliqué par le fait d’avoir perdu des territoires, et donc d’avoir souvent été forcé d’abandonner des corps sur le champ de bataille.
Le président du Haut-Karabakh, Arayik Haroutiounian, non signataire de l’accord puisque non reconnu sur la scène diplomatique, a d’ailleurs humblement évoqué ces défaites et ces sacrifices : « Compte tenu de la terrible situation actuelle, afin d’éviter de nouvelles lourdes pertes [humaines] et la perte totale de l’Artsakh, j’ai accepté de mettre fin à la guerre. » M. Haroutiounian, qui va sans nul doute être lui aussi contesté et fragilisé, s’était forgé une certaine popularité pendant le conflit en apparaissant courageux dans l’adversité et proche des combattants.
Alors que trois cessez-le-feu n’avaient jamais été appliqués depuis le 27 septembre, Moscou n’a cette fois pas laissé le temps aux deux ennemis de souffler. Un contingent militaire russe est entré au Haut-Karabakh dès l’annonce de l’accord et a commencé à prendre position le long du « corridor de Latchine ».
Si Ilham Aliev sort vainqueur du conflit, ayant obtenu par la guerre ce que Bakou avait échoué à obtenir en un quart de siècle de négociations, et que M. Erdogan voit son influence s’étendre dans le Caucase du Sud, c’est M. Poutine qui conforte son statut de maître du jeu. Les images des soldats de Moscou entrant au Haut-Karabakh dans la nuit a adressé un message très clair : le vainqueur de la guerre est azerbaïdjanais, mais il y a désormais un arbitre dans les montagnes karabakhtsies, et il est russe.
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