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Les Echos, le 17/08/2021
Portrait par Véronique Le Billon
PATRONS ET IMMIGRES AUX ETATS-UNIS (2/5) – Arrivé aux Etats-Unis à vingt-deux ans, ce Kurde a fondé Chobani et bousculé les géants de l’agroalimentaire. Hamdi Ulukaya est devenu l’un des patrons les plus vocaux en faveur des immigrés et des réfugiés. Un engagement public qui a valu à l’entreprise des attaques de la part de sites complotistes et de l’extrême droite américaine.
Hamdi Ulukayaa promit en 2016 de donner 10 % du capital de son entreprise à ses salariés. (ALEXANDRA HOOTNICK/NYT-REDUX-REA)
La photo a été rapidement postée sur LinkedIn. Plein cadre au centre de l’image, Hamdi Ulukaya s’adresse à la vice-présidente américaine, Kamala Harris, au milieu du décor chargé de la Maison Blanche. A quarante-huit ans et désormais plus de la moitié de sa vie passée aux Etats-Unis, le producteur de yaourts, qui a laissé au vestiaire sa traditionnelle casquette siglée Chobani, explore en cette fin mai, avec des représentants de Microsoft, Nespresso ou Mastercard, comment limiter l’afflux de réfugiés en provenance du Mexique et des pays du Northern Triangle (le Guatemala, le Honduras et le Salvador). Chobani propose à l’occasion de mettre son incubateur à disposition de jeunes entrepreneurs au Guatemala. Le cliché symbolise, à lui seul, la concrétisation d’un rêve américain que Hamdi Ulukaya n’avait pourtant pas nourri. Il a grandi à Erzincan, dans l’est de la Turquie, dans une famille kurde installée autour d’une exploitation laitière. Etudiant, il défie dans un journal pro-kurde les limites du droit d’expression et se retrouve, à vingt-deux ans, acculé au départ par la police, comme il l’a raconté au printemps dernier au Forum du Leadership du Bush Center.
Dans son esprit de jeune Kurde, les Etats-Unis matérialisent alors « le capitalisme impérialiste », mais un client croisé dans le magasin de son frère le convainc de tenter sa chance aux Etats Unis plutôt qu’en Europe. Les rencontres aussi fortuites que précieuses jalonnent son parcours : à New York, sa première prof d’anglais est aussi l’épouse d’un éleveur qui prend Hamdi en stage d’immersion pendant un an et demi au nord de l’Etat. Pour faire bonne mesure, le jeune homme suit quelques cours de commerce à l’université.
Hamdi Ulukaya a puisé dans sa culture pour s’intégrer et se différencier dans le même temps. Sur le conseil de son père, il commence par importer de la feta, tout en se demandant à quoi cela sert d’avoir fait tout ce chemin pour reproduire ce qu’il avait chez lui… En 2005, sa PME réalise 2 millions de dollars de chiffre d’affaires et emploie quelques dizaines de salariés, avant que la vente d’une usine de yaourts de Kraft Foods en déshérence ne le fasse changer d’échelle.
Imposer le goût européen
En quelques années, Hamdi Ulukaya a réussi à faire enrager les géants de l’agroalimentaire comme Danone ou Yoplait, qui avaient préféré s’adapter au goût américain des yaourts légèrement gélatineux plutôt qu’imposer le goût européen. Lui fait le pari d’imposer sa tradition, embauchant un « maître du yogourt » turc pour mettre au point sa recette. Et il repense tout, de l’emballage (« Je voulais qu’il signale que le produit à l’intérieur était très différent ») à la distribution (la grande distribution plutôt que le rayon gourmet). La géopolitique du yaourt n’est toutefois pas sans conflit. Son concurrent Fage l’a poursuivi en justice au Royaume-Uni, lui contestant le droit de s’appeler « yaourt grec » alors qu’il était fabriqué aux Etats-Unis.
Des Etats-Unis, il a pris l’audace mais pas la mode des fonds d’investissement prompts à racheter les entreprises innovantes. « Trop d’entrepreneurs pensent qu’il est impossible de faire évoluer une entreprise sans faire appel à des sociétés de capital-risque. Cette opinion est erronée », expliquait-il dans la « Harvard Business Review » en 2013. Lui a emprunté de l’argent via les programmes de prêts fédéraux dédiés à la promotion des PME (SBA). « J’ai passé deux jours à rédiger un plan d’affaires, j’ai offert une garantie personnelle et j’ai versé 10 % du prix d’achat. La banque et le gouvernement ont apporté les 90 % restants, avec un faible taux d’intérêt et une durée de dix ans », détaille-t-il. « Notre capacité à nous développer sans dépendre d’investisseurs externes – les investisseurs en capital-risque, les fonds d’investissement, les partenaires stratégiques et les acquéreurs potentiels qui nous ont offert de l’argent depuis notre lancement – a été essentielle à notre réussite », a-t-il longtemps jugé.
Chobani, qui avait pour slogan à ses débuts « Nothing but good », élargit désormais son horizon pour surfer sur la montée des produits à base de plantes comme le « lait » d’avoine, ou des produits à forte marge comme le « creamer », pourtant peu diététique. Après un bras de fer judiciaire qui l’a opposé à sa première épouse sur la propriété du capital de l’entreprise, Hamdi Ulukaya s’engage aujourd’hui vers l’introduction en Bourse de Chobani. Le plus discrètement possible pour l’instant : il a indiqué début juillet avoir transmis un dossier à la Securities and Exchange Commission, mais sans préciser le montant des fonds qu’il souhaitait lever ni évoquer la valorisation de l’entreprise. Selon le « Wall Street Journal », l’entreprise estimerait valoir entre 7 et 10 milliards de dollars. En 2016, il avait annoncé donner 10 % de l’entreprise à ses 2.000 salariés.
Au-delà de sa réussite, Hamdi Ulukaya est devenu l’un des patrons les plus vocaux aux Etats-Unis pour l’intégration des immigrés en général et des réfugiés en particulier. Dans les deux usines du groupe à South Edmeston, dans l’Etat de New York, et à Twin Falls, dans l’Idaho, de grandes cartes du monde ont été placardées pour inviter chaque salarié à montrer d’où il vient. Utica, non loin de son usine de l’Etat de New York, est connu pour sa communauté de réfugiés birmans et nombre de salariés viennent d’Asie du sud-est. Dans l’Idaho rural et montagneux, Chobani est allé chercher certains de ses salariés dans un centre pour réfugiés – des Irakiens, des Afghans, des Turcs. « A la minute où un réfugié a un emploi, il cesse d’être un réfugié », a coutume de dire le PDG.
Sur LinkedIn et les réseaux sociaux, le patron de Chobani passe ainsi sans nuance d’une annonce sur le nouveau yaourt « zéro sucre » aux actions de son entreprise pour la Journée des réfugiés. Hamdi Ulukaya est devenu un personnage médiatique – il est, en outre, marié à Louise Vongerichten, la fille du restaurateur français Jean-Georges Vongerichten, l’un des noms historiques de la scène culinaire à New York. Le patron court désormais les conférences et les forums les plus prestigieux, de Davos aux Nations unies, pour partager son « anti-manuel de PDG » et son expérience pro-immigration.
Les entreprises soucieuses d’humanisme et de conserver une main-d’œuvre immigrée soutiennent ses actions, comme le projet Tent Partnership, destiné à valoriser les expériences personnelles et professionnelles des réfugiés, mais les idées sont parfois plus difficiles à faire passer sur le terrain. Dans un pays politiquement clivé, l’engagement public de Chobani en faveur des réfugiés a valu à l’entreprise des attaques de la part de sites complotistes et de l’extrême droite, l’accusant de vouloir « noyer les Etats-Unis sous les musulmans ». En 2017, Hamdi Ulukaya a fini par porter plainte contre Infowars et son fondateur Alex Jones, après des allégations d’agression sexuelle de la part d’employés de Chobani de l’usine de l’Idaho. Des sites complotistes ont aussi accusé l’entreprise d’être à l’origine d’une hausse des cas de tuberculose dans la région.
Pour élargir son approche et en faire un sujet moins national, Hamdi Ulukaya vient de lancer Unstuck, une initiative destinée à favoriser l’achat de produits à des entreprises faisant travailler des réfugiés, par exemple des Vénézuéliens en Colombie. « Retrouver du travail est la première étape pour reconstruire la vie des 30 millions de personnes contraintes de fuir leur foyer. Nous nous associons à de grandes marques pour créer des emplois pour les réfugiés du monde entier », défend ainsi le site. Pour amorcer la pompe, Chobani a lancé un yaourt avec des mangues achetées à des fournisseurs employant des réfugiés en Colombie et au Pérou. Quelques initiatives de ce type existent déjà , comme MADE51 soutenu par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Rester dans son pays ou partir tenter sa chance ? « Je me tiens devant vous comme un immigrant, un Kurde de Turquie qui a vendu son premier yaourt grec à une épicerie casher, parlant dans une école fondée par des Quakers devant des diplômés de 71 nationalités. Je ne peux pas imaginer quelque chose de plus américain que cela », listait il y a trois ans Hamdi Ulukaya devant les jeunes diplômés de l’école de commerce de Wharton. « Je comprends pourquoi les gens veulent venir ici. Parce que vous pouvez être vous-mêmes », expliquait-il encore au printemps dernier, lui qui indiquait alors ne pas être encore naturalisé américain. La pandémie et le populisme ont toutefois largement écorné la politique migratoire américaine. Joe Biden n’a pas poursuivi la politique de limitation des visas de travail lancée par Donald Trump, mais les conditions sanitaires imposées aux candidats à l’immigration par son administration prolongent de facto une bonne partie du gel. « Ne venez pas, ne venez pas », a aussi martelé à la télévision guatémaltèque Kamala Harris, en juin, à l’adresse des candidats à l’immigration à la frontière sud. Suscitant l’agacement de la frange démocrate la plus progressiste, soucieuse que les Etats-Unis restent un pays d’accueil.
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