Festival des 3 continents. À 34 ans, Kivanc Sezerk sort son premier film, en compétition à Nantes. Formé à la Cinecita de Bologne, il témoigne de la misère du milieu ouvrier en Turquie.
Kivanc Sezerk, né en 1982 à Ankara. Réalisateur de My father’s wings. Â
À quel moment avez-vous conçu le projet de réaliser un film de fiction sur le sort des travailleurs du bâtiment en Turquie ? Â
 La lecture d’un article de journal sur les étudiants en université qui travaillent sur les chantiers d’immeubles de luxe pour payer leurs études. En Turquie, trois ouvriers décèdent chaque jour sur les chantiers. C’est le triste record d’Europe des morts par accident du travail.Le film montre Ibrahim, un ouvrier vieux et très malade, qui a besoin d’argent pour payer sa retraite. Et son neveu Yusuf, qui est au contraire plein d’optimisme… La maladie accule Ibrahim dans une impasse, éloigné de sa femme et de ses filles, qui vivent dans un container après un tremblement de terre. Il a besoin de cet argent pour revenir dans son village, acheter une maison finir ses jours auprès des siens. Yusuf, au contraire, est porté par son amour pour une employée de commerce. Il estime que celui qui ne parvient pas à monter sa propre affaire, comme Ibrahim, a raté sa vie.
Ce film est très triste, dans la veine de Ken Loach, l’humour en moins. Tranche-t-il par rapport au cinéma en Turquie ?  Les réalisateurs turcs connus ne touchent pas aux sujets sociaux. Ma génération commence à se tourner vers le monde ouvrier, pour en montrer la valeur et l’importance d’un droit du travail qui soit respecté. Pour l’humour, je vous promets d’y penser au prochain film.
Dimanche à 21 h, projection de My father’s wings (Katorza). Festival des 3 Continents à Nantes, 38e édition. 80 films asiatiques, africains ou latino-américains à découvrir jusqu’à mardi (Concorde, Cinématographe, Gaumont et Katorza).
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