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Le Point, le 26/05/2019
Par Quentin Raverdy
Patron historique du quotidien chypriote turc « Afrika » et fervent détracteur du président turc, le journaliste Sener Levent est candidat ce dimanche.
De prime abord, Sener Levent n’a pas l’air bien loquace. Les rares messages électroniques échangés en amont avec lui sont quelque peu elliptiques. Pas plus facile de parler de vive voix : l’homme n’a pas de téléphone et c’est sa fille, Elvan, qui doit jouer les intermédiaires. Mais une fois assis derrière son bureau, à l’ombre d’une interminable, mais rassurante pile de journaux entassés, le journaliste abandonne enfin son masque sévère.
À 71 ans, le rédacteur en chef d’Afrika, quotidien de gauche de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), a une cigarette toujours à portée de main, le rire facile et le plaisir du bon mot chevillé au corps. Après quelques échanges polis avec ce vétéran du paysage médiatique chypriote, la conversation embraie inévitablement sur la cible favorite du patron de presse : Recep Tayyip Erdogan, le président de la République turque voisine. « Dans toute ma carrière, j’ai toujours écrit et dénoncé les agissements des dictateurs de ce monde. Erdogan en est un. Donc, je me dois de le critiquer », explique Sener Levent.
L’influence de la Turquie omniprésente
Une obsession contre le « reis », qui n’a rien de surprenant ici, justifie-t-il. Même à plus de cinq cents kilomètres d’Ankara, l’influence turque sur la petite République auto-proclamée, il y a 35 ans de cela, est plus que palpable. La Turquie fournit une aide financière de taille au gouvernement central ainsi que la seule porte d’entrée pour le nord de l’île, étouffé par un embargo international. Et le poids des entreprises turques dans l’économique ne cesse de croître. « Bref, ici c’est la Turquie, il n’y a plus de distinction », déplore le journaliste qui, de la fenêtre de son bureau, peut observer l’imposante ambassade turque, voisine du Parlement et du palais présidentiel, mais considérée ici par bon nombre comme le vrai centre du pouvoir en RTCN.
Mais lutter contre l’influence d’Ankara à travers ses articles semblait ne pas suffire à Sener Levent. Infatigable, le septuagénaire, a voulu se frotter à la politique en se portant à nouveau candidat – après un échec en 2014 – aux élections européennes de ce dimanche, aux côtés de cinq autres Chypriotes turcs rassemblés au sein du mouvement Jasmin.
Même divisée de fait depuis plus de quarante ans, l’île méditerranéenne bénéficie de 6 sièges d’eurodéputés, dont 2 en principe réservés à des habitants du Nord. « C’est une expérience électorale où nous voterons ensemble, avec les Chypriotes grecs. C’est un pas en avant pour dépasser le nationalisme et le racisme », plaide le journaliste, également éditorialiste pour un média du Sud. Et, sans jamais perdre du regard celui qu’il défie au quotidien dans les pages de son journal, de rajouter : « En tant que Chypriotes turcs, nous ne pourrons briser l’autorité et la pression qu’exerce la Turquie sur nous qu’en construisant notre citoyenneté européenne. »
Parmi tous les titres du Nord, nous sommes le seul à rester libre
Qu’il soit candidat ou journaliste, Sener Levent ne mâche pas ses mots à l’encontre du « sultan », dont il dénonce sans relâche l’autoritarisme croissant. « La situation de la presse ici est bien meilleure qu’en Turquie, bien plus libre, autant sur le plan politique qu’économique. Aucun journaliste n’est emprisonné ici pour ses écrits », rassure Sami Özuslu, président de l’Union des journalistes chypriotes turcs. La petite République de 300 000 âmes peut se targuer de posséder pas moins d’une vingtaine de quotidiens et de largement distancer la Turquie dans le classement annuel sur la liberté de la presse. Sami Özuslu, qui officie dans les colonnes de Yenidüzen, reconnaît cependant une forme d’autocensure de plus en plus en vogue : « Certains médias et certains confrères évitent de critiquer directement Recep Tayyip Erdogan. »
« Parmi tous les titres du Nord, nous sommes le seul à rester libre », s’enorgueillit ainsi Sener Levent, non sans esquisser un petit sourire. Lui et sa vingtaine de journalistes font indéniablement figure de petit bastion dans le monde de la presse turcophone. « Mais cette liberté, on en paie le prix », reprend-il. Au cours de ses vingt années d’existence, le média de gauche a connu des coups de pressions : fermeture sur décision judiciaire, menaces, attaques contre les locaux et l’imprimerie, etc.
L’attaque du 22 janvier
Mais la date du 22 janvier 2018 restera gravée dans la mémoire de la rédaction. Dans son édition de la veille, l’équipe éditoriale dénonçait avec force l’opération militaire lancée par Ankara contre le canton kurde d’Afrin, dans le nord de la Syrie. On y voit « une nouvelle occupation par la Turquie », en référence au débarquement des forces turques dans le nord de Chypre en 1974 – plus de 30 000 soldats turcs y sont d’ailleurs toujours stationnés – venues empêcher un coup d’État des Chypriotes grecs.
Une petite « une » grinçante, venue de Méditerranée, qui n’a pas été du goût du président Erdogan qui, le jour même, appelle ses « frères de Chypre à donner une réponse appropriée ». Le soir, plusieurs centaines de partisans du leader turc se rassemblent devant les locaux d’Afrika et commencent à caillasser les fenêtres. Certains tentent même de pénétrer dans le bâtiment où les journalistes se sont barricadés. Seule l’intervention tardive de la police, jusque-là restée spectatrice, empêchera un possible drame. « Moi, je les attendais à l’intérieur, prêt à en découdre. À les tuer s’il le fallait », explique calmement Sener Levent. Depuis une tentative d’assassinat en 2011, l’homme détient une arme dans son bureau. « Chaque année, la police vient vérifier que j’ai toujours 31 cartouches, que je n’ai donc tué personne », ricane-t-il, tout en jetant, de temps en temps, un regard furtif à l’écran relié aux caméras de surveillance, installées un peu partout dans l’immeuble.
L’attaque du 22 janvier fait office d’électrochoc pour une partie de la population chypriote turque, notamment dans les rangs de la gauche qui, aux côtés d’Afrika, s’inquiète de l’influence croissante de l’idéologie religieuse d’Ankara sur le – très laïque – nord de l’île. Plusieurs milliers de personnes se donnent rendez-vous devant les locaux du quotidien, scandant « longue vie à la liberté de la presse » ou « Afrika ne sera pas un nouveau Madimak », cet hôtel de la ville turque de Sivas où 33 intellectuels (majoritairement alévis) avaient été tués en 1993, brûlés vifs par des militants islamistes.
Un bras de fer qui n’est pas près de se terminer
Cette liberté de ton que cultive farouchement Sener Levent aurait pu récemment le conduire derrière les barreaux. Pour la publication de son article contre l’invasion turque en Syrie et d’une caricature grecque montrant une statue antique urinant sur le visage du président Erdogan, il était « poursuivi pour insulte à une autorité d’un pays étranger, création d’un environnement de peur et d’inquiétude au sein de la société et insulte par voie de publication », rappelait Tacan Reynar, son avocat. Anciennement juge en charge du dossier, le jeune homme avait préféré démissionner et s’occupe désormais de la défense du journaliste.
Le 16 mai dernier, après plusieurs mois d’instruction, c’est le soulagement : le juge de Lefkosa (nom turc de Nicosie) a finalement choisi d’acquitter Sener Levent et l’un de ses journalistes, Ali Osman Tabak. « Erdogan a perdu, nous avons gagné », s’enthousiasmait alors le patron d’Afrika. « Si la Turquie avait jugé cette affaire, le résultat aurait été très différent. Nous sommes chypriotes, citoyens de la République de Chypre. Malgré l’omniprésence de la Turquie dans la gestion locale, cette décision prouve au monde l’indépendance de nos tribunaux, » se félicitait-il, face aux journalistes présents devant le palais de justice. Une joie palpable, mais de courte durée. Quelques jours plus tard, le procureur général faisait appel de la décision. L’éternel bras de fer entre Sener Levent et Ankara est donc loin d’être terminé.
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