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Ali Bayramoglu
Le Monde – 11/08/2014
Par Ali Bayramoglu (Auteur et chroniqueur au quotidien pro-AKP « Yeni Safak »)
Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a remporté l’élection présidentielle en Turquie au premier tour du scrutin avec quelque 52 % des votes. Il bat ainsi son plus proche adversaire, Ekmeleddin Ihsanoglu, avec une différence de plus de 13 points.
Au cours des dix-huit mois écoulés, la Turquie a été le témoin d’une évolution de son image auprès des opinions publiques européennes et américaines. Ainsi, selon elles, la Turquie serait passée de la démocratie, de l’islam et du marché libre à l’autoritarisme. Le nom de Recep Tayyip Erdogan est associé à cet autoritarisme et à la personnalisation du pouvoir, en particulier depuis le mouvement protestataire de Gezi, à Istanbul, qui a ébranlé la Turquie en mai et juin 2013.
Parmi les raisons qui expliquent la dégradation de cette image se trouvent l’attitude sévère et les discours politiques polarisants et interventionnistes de Recep Tayyip Erdogan, mais aussi l’hégémonie politique dans les domaines économiques, culturels et sociaux, et la question de la liberté de la presse.
Il faut également y ajouter les allégations de corruption qui ont éclaté fin 2013 et les accusations de balayer celles-ci sous le tapis par le biais du pouvoir exécutif qui intervient dans la justice grâce au pouvoir législatif.
Enfin, la Turquie a vu son image changer en raison de la sensibilité islamique de sa politique étrangère apparue après le coup d’Etat du 3 juillet 2013 en Egypte et de fortes attaques contre Israël fondées de temps en temps sur une rhétorique nationaliste aux accents anti-occidentaux.
Recep Tayyip Erdogan est au pouvoir depuis novembre 2002. En douze ans, il a remporté toutes les élections, améliorant ses résultats à chaque scrutin. Posons-nous donc la question : comment un homme politique qui a une image antidémocratique auprès des milieux libéraux en Turquie et en Occident, qui est accusé d’autoritarisme et qui est considéré comme le « Poutine de la Turquie » parvient-il à obtenir autant de succès élection après élection ?
Trois facteurs définissent les douze années de Recep Tayyip Erdogan et de politiques de l’AKP (Parti pour la justice et le développement, dont M. Erdogan est issu). Le premier facteur est la croissance économique et le succès de la stabilité. Mêlant une forte dose de politique sociale aux conditions de l’économie libérale, l’AKP a provoqué la naissance d’une nouvelle et forte classe moyenne sous son règne. Une étude de la Banque mondiale souligne la montée fulgurante des classes moyennes de 21 % à 41 % entre 2002 et 2011. Le produit intérieur brut par habitant, qui est de 11 000 dollars (8 215 euros), a triplé entre 2002 et 2012 et a augmenté de 70 % en se fondant sur les prix de biens de consommation courante. Le volume des dettes à l’égard des pays de l’Union européenne, qui était de 74 %, a baissé à 36 % en 2012, ouvrant la voie à des investissements et des dépenses publiques. Une politique forte et répandue du service public a élargi le terrain d’action de la classe moyenne du secteur de la santé au secteur des transports et de la technologie, tout en augmentant la qualité de vie et le climat de confiance. Cette situation a été perçue comme une forme de « démocratisation » et une occasion d’« égalité économique ».
Le deuxième facteur qui symbolise l’AKP est le grand déplacement des classes sociales et la réduction des distances qui en découle. L’histoire de l’AKP est, d’une certaine manière, celle des parties qui se définissent en dehors du centre politique, économique et culturel et celle de l’inclusion de ces milieux dans le centre et le changement du modèle instauré. La démilitarisation lancée grâce aux relations avec l’Union européenne et les critères de Copenhague de 1993, la restructuration de l’Etat et l’élargissement des droits et libertés fondamentales (l’expression de l’identité kurde, l’acceptation du voile dans l’espace public, la normalisation des relations entre religion, Etat et société, et la démocratisation du principe de laïcité) ont été à la fois les outils et les conséquences de ce changement. La lutte de pouvoir et la démocratisation se sont entremêlées et ont marqué la perception sociale comme « l’égalité ».
Le troisième facteur est le style de gouvernance de M. Erdogan qui se repose sur une approche politique patriarcale. Son hégémonie qui ne laisse aucune autonomie en politique, le fait que les décisions soient rendues dans le cadre d’une approbation centrale, mais aussi le refus des institutions démocratiques participatives et la tolérance limitée face aux critiques constituent le « style » de l’AKP et de Recep Tayyip Erdogan depuis 2002. Cette approche avait été perçue comme « la volonté d’une forte politique et du courage », alors que M. Erdogan luttait contre l’armée, les universités et la justice kémaliste. Cette approche, perçue comme un outil d’imposition des valeurs de l’AKP, deviendra encore plus visible lors de la création du nouveau régime. Le fait que l’AKP exclue les nouvelles demandes en matière d’environnement et que les politiques d’espace public soient réduites à un objet sécuritaire approfondit cette approche politique et son identification à l’autoritarisme.
La perception de la vie politique tourne autour de ces trois facteurs en Turquie. D’après les résultats des différents scrutins, deux politiques voient le jour. D’une part, la branche conservatrice de la société se politise autour de deux premiers facteurs de la « perception de démocratisation ». Cet élément permet à Recep Tayyip Erdogan de se maintenir au pouvoir et lui fait remporter les élections. D’autre part, des groupes comme les libéraux et la branche séculière de la société mettent en avant « l’autoritarisme » de Recep Tayyip Erdogan par le biais du troisième facteur. Cette perception renforce l’image autoritaire de la Turquie.
Ces différentes définitions de la réalité, ces deux opinions publiques et ces deux formes de politisation peuvent apparaître en relation avec des développements critiques de la vie politique turque. Depuis l’ouverture des enquêtes sur la corruption entre le 17 et 25 décembre 2013, deux équations politiques existent de manière parallèle. Selon la thèse défendue par les libéraux et les milieux laïcs, le gouvernement de l’AKP est impliqué dans les affaires de corruption. Il intervient dans la justice pour les étouffer, ce qui constitue une nouvelle étape de l’autoritarisme.
Quant aux conservateurs, ils accréditent une thèse négligée par les milieux séculiers. Celle-ci repose sur une lutte de pouvoir au sein de l’Etat. Un groupe du genre Opus Dei a infiltré la justice et se cache derrière l’indépendance, échafaudant des plans pour renverser le gouvernement et mettre la main sur le système. Selon leur perception, l’intervention de la justice n’a pas pour but de venir à bout de la corruption. C’est une obligation d’intervenir pour se défendre d’une structure illégitime. Plus que d’être insensible à la corruption, cette tranche de la société agit dans l’idée que, si M. Erdogan perd dans cette lutte de pouvoir, elle connaîtra de son côté de grandes pertes sociales.
Ces deux thèses sont en partie justes. Les équilibres politiques de la Turquie sont définis par leur complémentarité. Si on ajoute à ce tableau les défaillances de l’opposition ou alors la défense par celle-ci des dynamiques de l’ancien régime, on trouvera l’explication des succès électoraux de Recep Tayyip Erdogan.
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