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Le Point, le 16/07/2020
Par François-Guillaume Lorrain
Ambition. Sainte-Sophie, Libye, Chypre, Méditerranée… Enquête sur le projet néo-ottoman du président turc.
C’est la dernière provocation d’Erdogan : transformer Ayasofya en mosquée. Il vient d’annoncer au monde que l’antique basilique byzantine de Constantinople sera ouverte aux prières musulmanes dès le 24 juillet, révoquant un décret de 1934 qui conférait à Sainte-Sophie le statut de musée national. Il se met ainsi dans les pas du sultan Mehmed II, qui, au soir de sa conquête de Constantinople, le 29 mai 1453, se dirigea vers la basilique chrétienne, édifiée dès le IVe siècle pour la convertir au rituel musulman. Symbole de l’Empire romain d’Orient, le site a entre-temps été laïcisé par Atatürk, qui, en 1934, décida de l’« offrir à l’humanité ».
Cet acte confirme qu’Erdogan continue à déboulonner Atatürk. Car on ne compte plus les statues du père de la Turquie qui sont déplacées, remisées, puis jamais réinstallées, le tout discrètement, pour ne pas heurter de front la minorité importante de kémalistes. On ne dit d’ailleurs plus Atatürk : on lui a redonné son nom d’origine, plus modeste, Mustafa Kemal. Discrédité pour sa politique laïque, il représente une Turquie privée de toute ambition impériale.
Esprit de conquête. Le musée d’Ayasofya est le second le plus visité du pays ; avec ses mosaïques, ses loges, ses portes de marbre, il raconte une histoire de l’Empire byzantin avec laquelle Erdogan entend rompre, pour trouver ailleurs ses repères. Par exemple dans le parc de Topkapi, où le musée de la Conquête retrace, grâce à un somptueux panorama, la fetih (« prise ») de Constantinople, à l’endroit où les Ottomans avaient percé la muraille lors du siège de 1453. « La Turquie a besoin d’un nouvel esprit de conquête », avait déclaré Erdogan, lors de son inauguration, en 2009, incitant les jeunes générations à « regarder vers le futur à travers notre glorieuse histoire ». Des propos qui faisaient écho à son programme dindar et kindar, (« religieux » et « revanchard »), rappelle l’historien Stéphane de Tapia.
L’ouverture de ce panorama initia la production du film le plus cher produit en Turquie, Fetih 1453, superproduction islamo-nationaliste qui présentait l’entrée dans Constantinople comme l’accomplissement d’un djihad, passant sous silence le pillage de la ville grecque. Plus gros succès enregistré en Turquie – 6 millions de spectateurs –, sorti en 2012 dans de nombreux pays musulmans, Fetih 1453 incarne la pointe émergée d’un iceberg politico-historique où le passé ottoman est convoqué, utilisé, remanié par le pouvoir en place.
Commémoration. Au cœur de cet iceberg, la bataille de Malazgirt, au nord du lac de Van, en 1071. Cette date marque l’entrée en Anatolie des Turcs seldjoukides, originaires du Turkestan, au nord de la mer d’Aral, qui avaient entamé leur progression par le nord de l’Iran et l’Irak. À Malazgirt, Alp Arslan, premier héros turc, défia et tua l’empereur byzantin. L’Occident fut appelé à l’aide par Byzance, appel qui déclencha le lancement de la première croisade. À Malazgirt, on peut admirer un vaste monument commémoratif, deux colonnes aux allures de cheminées d’usine, édifiées après les 900 ans de la victoire, en 1971.
Mais c’est seulement depuis 2017 qu’une commémoration digne de ce nom réunit des centaines de milliers de personnes et les principales autorités de l’État. Erdogan l’honore de sa présence. Le 26 août 1071 a supplanté un autre 26 août jusque-là célébré, celui de l’année 1922, début de l’offensive d’Atatürk contre l’armée grecque. La cérémonie exalte une Anatolie musulmane placée au centre d’un monde ottoman en construction, qui s’étendrait de La Mecque à l’Asie centrale et de Jérusalem à l’Andalousie. Car 1071, c’est aussi l’arrivée des Turcs dans l’aire islamique, leur découverte de l’islam, qu’ils vont régénérer. Quelques dates déploient un arc du temps qui débute en 1071, passe par 1453, se prolonge avec 2016, date du coup d’État manqué, et annonce 2071, pour le millénaire de la bataille fondatrice.
Seize Empires. En Occident, on ne range sous l’étiquette d’Empires turcs que le seldjoukide, mis à mal par les Mongols aux alentours de 1300, et l’ottoman, qui émergea alors, à une centaine de kilomètres au sud-est de Constantinople. Mais, pour l’histoire officielle, ce sont 16 Empires turcs qui se sont succédé jusqu’en 1920. Il n’est pas rare que, dans son palais d’Ankara, Erdogan reçoive les chefs d’État étrangers entouré par des janissaires costumés, qui rappellent la diversité fantasmée de ces empires. La raison en est linguistique. On s’en réfère à une conception très élargie du vieux turc, né en Mongolie dans la vallée de l’Orkhon, qui chapeauterait les langues altaïques, dont les langues turques et mongoles. Une vision controversée forgée au XIXe siècle qui permet d’englober des langues aussi différentes que le coréen et le hongrois. Les Turcs répondent d’ailleurs présents au sud de la Hongrie pour l’immense rassemblement annuel du Kurultaj, début août, à Bugac, dans les dunes sablonneuses, où se retrouvent les nations d’origine nomade d’Asie centrale. Événement cofinancé par la Turquie, qui y envoie la fanfare de ses janissaires.
À 200 kilomètres de là , à Szigetvar, se dresse la citadelle où mourut, en 1566, Soliman le Magnifique, restaurée par la Turquie, qui fait face au monument de l’amitié turco-hongroise, là où les deux armées s’affrontèrent. Entre Orban et Erdogan, deux nostalgiques des grandeurs perdues, on se comprend. En 2011, Soliman a fait l’objet en Turquie d’un soap opera. Erdogan est intervenu auprès des producteurs, parce qu’on y voyait Soliman y aller fort sur la bouteille, et son épouse, Roxelane, trop décolletée. Le feuilleton a initié un contingent de séries historiques consacrées à des sultans ou à des grands vizirs, intitulées dirilis, qu’on peut traduire par « résurrection ». Tout un programme. C’est sous Soliman que la Libye et le verrou de Tripoli sont tombés dans la zone d’influence ottomane. À bon entendeur, salut !
Premier calife. Un autre sultan a fait l’objet récent d’un hommage suprême, Selim Ier dit le Terrible (1512-1520). Le troisième pont sur le Bosphore, inauguré en 2016, a reçu son nom. Conquérant de l’Égypte, vainqueur des Perses chiites, ce sultan a toutes les qualités pour Erdogan. Surtout qu’il fut aussi le premier à recevoir le titre religieux de calife, leader des musulmans, protecteur de La Mecque après l’avoir conquise. Il s’empara également de la Syrie, élément non négligeable quand on sait l’angoisse actuelle des Turcs, qui se sentent envahis par les réfugiés syriens.
Enfin, avant Soliman, son successeur, il commença à s’allier à François Ier, prêt à tout pour desserrer l’étreinte de Charles Quint. Après la capture du roi français à Pavie, Paris et Constantinople furent ainsi longtemps unis par leur crainte partagée de la maison d’Autriche et un désir de commercer. Une alliance religieuse contre nature pour le roi très chrétien, qui dura pourtant jusqu’au XIXe siècle. Mme de Sévigné ne se référait-elle pas à « notre frère le Turc » ? Traités de conventions commerciales, dits « capitulations », envois réguliers de savants, de marchands, de prêtres, de diplomates renforcèrent les liens avec la Sublime Porte.
Décombres. En 1683, quand le grand vizir mit le siège devant Vienne, Louis XIV formula des vœux pour sa réussite. Ce qui ne l’empêcha pas, après l’échec et le reflux des Ottomans, soudain au bord de la rupture, d’envoyer des ingénieurs et des cartographes sillonner tous les ports et îles de l’Empire. Un projet de conquête sans lendemain. Sous couvert de l’amitié, la France n’eut d’ailleurs de cesse de vouloir affaiblir son allié. Obsédée par l’Égypte depuis Bonaparte, elle échoua au XIXe siècle au pays des pyramides, barrée par l’Angleterre, qui ne lui autorisa que le canal de Suez. Mais elle se rattrapa avec le Liban et la Syrie, obtenus après 1918 sur les décombres de l’Empire ottoman, combattu pendant le conflit mondial.
La France tenta même de porter secours aux Arméniens en Cilicie, en 1921, mais Atatürk eut raison de poilus épuisés. La France fut dès lors une terre d’asile pour les victimes de la Turquie : Arméniens et opposants politiques. Après la prise de Constantinople en 1453, la peur avait incité le pape à lancer une nouvelle croisade européenne. En vain. Les nations étaient désunies. Quant à Charles VII, roi de France, il était, après la guerre de Cent Ans, occupé à reconstruire le pays.
Temple, église, mosquée, musée : le destin mouvementé de Sainte-Sophie
Majestueuse. Sise sur la rive européenne d’Istanbul, Sainte-Sophie domine la ville et le Bosphore. Elle est redevenue une mosquée depuis la signature, le 10 juillet 2020, d’un décret du Conseil d’État turc.
• 330 : après sa conversion au christianisme, l’empereur Constantin lance la construction d’une basilique dédiée à la « sagesse divine » (hagia sophia) sur les ruines d’un ancien temple d’Apollon. Elle sera consacrée trente ans plus tard par son fils, l’empereur Constance II.
• 415 : après un incendie provoqué, elle est reconstruite et consacrée à nouveau par Théodose II.
• 23 février 532 : après la sédition Nika, un soulèvement populaire qui a ravagé Constantinople, l’empereur Justinien reconstruit une basilique plus vaste et majestueuse, inspirée du Panthéon de Rome. Elle fonde le style byzantin et inspirera les architectes arabes, vénitiens et ottomans.
• 726 : l’empereur Léon III l’Isaurien entame une campagne iconoclaste qui durera plusieurs siècles, influencée par l’Islam. Les icônes sont détruites.
• 1204 : sac de la basilique lors de la quatrième croisade. Sainte-Sophie devient le siège du patriarche latin de Constantinople.
• 1453 : Mehmed II, qui entend convertir en mosquée Sainte-Sophie, épargne le bâtiment contrairement à d’autres églises chrétiennes de la ville. Il fait ériger un minaret.
• 1566-1577 : sous le règne de Selim II, des travaux d’envergure sont menés pour bâtir de nouveaux minarets, la loge du sultan et son mausolée.
• XVIIIe siècle : une école coranique est ajoutée, ainsi qu’une bibliothèque, une fontaine d’ablutions et une soupe populaire.
• 1918 : devant la menace des Alliés, qui approchent d’Istanbul, les Ottomans songent à dynamiter Sainte-Sophie.
• 1934 : Atatürk transforme l’édifice en musée pour l’« offrir à l’humanité ». Il fait retirer les grands panneaux circulaires portant les noms d’Allah, de Mahomet et des califes.
• 2005 : des associations musulmanes commencent à réclamer un retour au statut de mosquée.
• 2018 : Recep Tayyip Erdogan lit un verset du Coran à l’intérieur de la basilique.
• 10 juillet 2020 : décret de l’État turc transformant Sainte-Sophie en mosquée. Vives protestations de l’Unesco, qui avait classé le site en 1985 et qui y voit une violation de la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de 1972.
Anticipation. Le 31 mai 2018, Sainte-Sophie est toujours un musée inscrit au patrimoine de l’Unesco. Erdogan (centre g.) s’y rend pour réciter un verset du Coran.
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