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Marianne, le 14/04/2017
La Turquie, sous état d’urgence depuis le 15 juillet 2016, se prononce par référendum le 16 avril sur la réforme de la Constitution, qui doit donner les pleins pouvoirs au président Recep Tayyip Erdogan. L’écrivain Nedim Gürsel dénonce un régime totalitaire
Marianne : Quelle atmosphère règne en Turquie à l’heure de ce scrutin décisif ?
Nedim Gürsel : La campagne ne fut pas équitable. Le gouvernement contrôle 80 % des médias et ces médias répètent tout ce que dit Erdogan. Toutes les chaînes publiques et privées, ainsi que la presse écrite, parlent d’une seule voix. Contrairement à ce que prévoit la loi, les partisans du oui, les partis AKP et MHP ainsi que le président, censé être au-dessus de la mêlée, mettent les moyens médiatiques et financiers de l’Etat au service de la propagande. Cela est contraire à la Constitution. Ce scrutin est important car il décide du sort du régime. Erdogan veut instaurer un régime présidentiel à sa mesure. Il a déjà beaucoup de pouvoirs, mais la Constitution ne les lui autorise pas. Il présente donc la réforme comme nécessaire afin de concentrer ces pouvoirs entre ses mains. Il s’agit de dire oui ou non au changement de 18 articles. Si le oui l’emporte, je crains que le Parlement ne soit plus qu’une façade et qu’un seul homme, le président élu au suffrage universel, ne décide de tout. Cela pose un problème par rapport à la démocratie. On pourra parler alors de péril totalitaire, car il s’agira d’un régime présidentiel avec absence de l’Etat de droit et une justice indépendante inexistante.
Quelle est la situation des opposants ?
Il faut évoquer le cas de tous les journalistes emprisonnés. Que dit Erdogan ? Que parmi eux se trouvent des pédophiles et des assassins ! J’ai personnellement des amis en prison, comme Turhan Günay, responsable du supplément littéraire du quotidien Cumhuriyet, dont la majorité de la rédaction est derrière les barreaux. Ils attendent toujours leur procès. C’est toute une technique : on arrête d’abord les gens et on met très longtemps à préparer leur procès. Ce fut le cas de l’écrivain Asli Erdogan, qui a été libérée sous la pression internationale mais qui est toujours en procès. L’arrestation fonctionne comme un mécanisme punitif destiné à instaurer un climat de peur. Je dois constater qu’en dépit de notre histoire agitée c’est la première fois que cette atmosphère de terreur atteint un tel degré. Même au moment du coup d’Etat militaire du 12 septembre 1980, ce n’était pas à ce point-là. Il y a eu, bien sûr, une grave période de répression, mais l’armée a lâché ensuite du lest. Ce n’est pas le cas en ce moment. Moi même, il m’arrive de m’autocensurer et je préfère ne pas rentrer dans les détails. Même s’il existe un espace restreint de liberté d’expression, les gens n’osent plus, les personnalités qui écrivent et sont dans l’opposition ne disent pas tout. Dans un de mes articles, j’ai écrit quelque chose d’un peu cynique en parlant du président Erdogan et le texte n’a pas été publié. Dès qu’on touche le président, ça ne passe pas. Dans mon dernier roman, le Fils du capitaine, paru en 2014, il y avait un personnage de Premier ministre traité de façon humoristique. A l’époque, Erdogan était encore Premier ministre. C’est passé. Aujourd’hui, ce ne serait plus possible. Le mécanisme d’autocensure fait progressivement tout changer. C’est déplorable.
Que peuvent les Européens ?
Erdogan a tourné la page d’une négociation avec l’Union européenne. Il a un sport quotidien : insulter les dirigeants européens qu’il a traités de nazis et autres gracieusetés. Il a un ton de défi qui dépasse les limites du rationnel. La Turquie s’éloigne chaque jour davantage de la démocratie avec une montée du conservatisme, du nationalisme et l’islamisation de toutes les institutions. Je répète qu’elle évolue vers un régime totalitaire. Or, au moment de l’arrestation des journalistes et avec les grandes purges, les dirigeants européens se sont tus. François Hollande s’est tu. Ayant été son invité personnel naguère lors de sa visite en Turquie de janvier 2014, j’ai donc adressé au président français une lettre ouverte en novembre 2016. « Je vous demande solennellement de prendre position, écrivais-je alors, car les écrivains ne sauraient souffrir que les droits fondamentaux de la démocratie soient passés sous silence par la patrie des droits de l’ homme. Il faut persuader les dirigeants turcs qu’ils ont intérêt à rétablir l’Etat de droit plutôt que la peine de mort. » J’évoquais aussi la visite du général de Gaulle au lycée Galatasaray, à Istanbul, en 1968, pour le centenaire de cet établissement. Je l’avais applaudi avec admiration. Il y a un fossé avec les engagements ou plutôt non-engagements d’aujourd’hui.
“LE PAYS S’ÉLOIGNE CHAQUE JOUR DE LA DÉMOCRATIE
AVEC UNE MONTÉE DU CONSERVATISME, DU NATIONALISME ET L’ISLAMISATION DES INSTITUTIONS.”
Va-t-on vers une rupture définitive de la relation entre la Turquie et l’Europe ?
J’ai toujours été un fervent partisan de l’adhésion de mon pays à l’Union européenne. A Izmir, ces jours-ci, Erdogan a affirmé que l’Europe avait rejeté la Turquie. Il y a peut-être eu des torts de ce côté mais nous avons dépassé la ligne rouge. Nous abordons un autre espace. Je me rends souvent en Turquie : mon éditeur voulait récemment célébrer mes 50 ans de littérature. Mais, à chaque déplacement, je suis angoissé à cause du règne de l’arbitraire. C’est terrible, tous ces gens embastillés qui attendent leur procès ! Il faut mettre fin à cette situation et cependant je vois une grande solitude. Ma Turquie, telle que je l’ai connue et telle que je la veux, s’éloigne à l’horizon. Je ne me reconnais pas dans celle d’aujourd’hui. Un peu comme Pierre Loti, l’auteur d’Aziyadé, qui raconte son départ d’Istanbul : son bateau levait l’ancre et il avait l’impression que c’était la Turquie qui prenait le large. Je me trouve dans la même situation : un navire m’emporte vers la France, devenue aussi mon pays et qui m’a accueilli à un moment difficile. Et Istanbul me devient, devient à ceux qui l’aiment, de plus en plus étrangère.
PROPOS RECUEILLIS PAR MARTINE GOZLAN
Derniers ouvrages parus : le Fils du capitaine (Le Seuil) et Au pays des poissons captifs (éditions Bleu autour).
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