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Le Monde, le 14/04/2017
Propos recueillis par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Alors que les Turcs se prononcent dimanche sur la réforme constitutionnelle, l’historien des religions rappelle l’influence des différents courants du soufisme sur le pouvoir politique turc.
Historien, directeur de recherches au CNRS, Thierry Zarcone est un spécialiste de l’histoire intellectuelle et religieuse des mondes turc, centrasiatique et iranien. Il a vécu en Turquie et en Ouzbékistan. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier, Le Croissant et le Compas, Islam et Franc-maçonnerie, de la fascination à la détestation, a été publié en 2005 aux éditions Dervy.
Qu’est-ce que le confrérisme en Turquie ? Quels sont ses liens avec le soufisme ?
Les confréries (tarikat, de l’arabe « voie », « chemin »), apparues dans le monde arabe vers le XIIIe siècle, sont une institutionnalisation de la mystique musulmane, le soufisme, qui existe depuis le VIIIe siècle.
Le soufisme encourage une lecture approfondie du Coran et une démarche introspective sous la direction d’un maître spirituel (le cheikh), complétées de rituels d’initiation, de techniques méditatives et de danses extatiques. Mais en donnant une structure administrative à la pensée soufie, la confrérie réduit la spontanéité mystique.
Les confréries ont des différences notables. Les unes (Nakchibendiye) respectent aveuglément la lettre du Coran et la tradition religieuse et s’emploient à concilier l’action sociale et politique avec la voie ascétique. D’autres, moins rigides, comme les derviches tourneurs (Mevlévi) par exemple, accueillent la musique et la danse – proscrites par les premières – et prennent une certaine liberté avec le message coranique. Un troisième groupe (bektachi, mélami) confine à l’hétérodoxie, avec l’accueil de pratiques extérieures à l’islam – chamaniques, animiques ou chrétiennes – permettant, entre autres, aux hommes et aux femmes de prier ensemble en public.
Mustafa Kemal Atatürk [premier président de la République turc de 1923 à 1938], inquiété surtout par les confréries les plus traditionnelles qui représentaient, à l’époque ottomane, quasiment un Etat dans l’Etat, les avait interdites en 1925. Quelques-unes, en particulier les plus traditionnelles (Nakchibendiye), se sont reconstituées dans la clandestinité et sont réapparues dans les années 1950. Elles sont aujourd’hui officieusement tolérées.
Les confréries sont-elles actives dans la vie politique ?
Depuis leur sortie de l’ombre dans les années 1950, les confréries se sont investies, avec prudence, dans différents domaines. On a pu noter le retour de la danse des derviches tourneurs, sous une forme folklorisée. Quant à la confrérie Nakchibendiye, la plus puissante de toutes et la plus austère, elle se concentre sur l’islamisation et l’action sociale et politique. Elle est à la tête de réseaux de solidarité et d’entraide socioprofessionnelle qui regroupent des maisons d’édition, des librairies, des médias, des cliniques, crèches, écoles et des cours de soutien scolaire. Leurs membres investissent certains ministères, comme celui des affaires religieuses, ainsi que les facultés de théologie, et tissent des réseaux d’action sociale et politique. La Nakchibendiye a des antennes et des membres en Europe et aux Etats-Unis. Longtemps menacée par les militaires pour ses actions antilaïques, cette confrérie a connu un essor notable avec l’arrivée au pouvoir, en 2002, du parti AKP (Parti de la justice et du développement) de Recep Tayyip Erdogan qui lui est très favorable. Son emprise sur la société a été multipliée.
Ont-elles contribué à l’avènement de l’islam politique en Turquie ?
L’une des principales figures charismatiques de la Nakchibendiye, le cheikh Zahid Kotku, se trouve à la tête d’une branche de cette confrérie appelée Iskender Pacha, du nom de la mosquée, à Istanbul, où elle tient ses réunions. Celui-ci incite plusieurs de ses disciples, dans les années 1970, à fonder un parti pour contrer le kémalisme et redonner sa place à la religion dans la Turquie contemporaine. Son élève, Necmettin Erbakan, ingénieur et universitaire, fonde alors, en 1971, la première grande formation religieuse, le Parti de l’ordre national, quatre fois interdit et reconstitué sous des noms nouveaux, dont il sera le leader historique jusqu’à sa mort en 2011.
Le cheikh Kotku est resté longtemps le conseiller occulte du parti. Après sa mort, en 1980, son gendre, Esat Cochan, lui a succédé. Jusqu’à sa mort en 2000, c’est à ce dernier qu’Erdogan faisait allégeance. Le modèle structurel confrérique a inspiré l’organisation du parti : ordre hiérarchique, serment d’allégeance au leader et obéissance presque aveugle des encartés. En 2001, reconstitué sous le nom de Parti de la vertu, il se divise finalement entre, d’une part, le Parti du bonheur, toujours dirigé par Erbakan, et de l’autre, l’AKP d’Erdogan, qui veut réformer l’islam politique. En 2015, une cinquantaine de députés AKP appartenaient toujours à la branche Iskender Pacha de la Nakchibendiye, dont l’ancien premier ministre de 2014 à 2016, Ahmet Davutoglu.
Les confréries monnaient-elles leur soutien ? Y a-t-il une forme de clientélisme électoral ?
Les confréries soufies sont souvent accusées de pratiquer le système du « vote de groupe » à la demande des cheikhs. Les trois principales branches de la Nakchibendiye, avec leurs centaines de milliers de fidèles, ont un impact notable sur les élections. Le vote des confréries va habituellement vers les partis religieux mais, parfois, en cas de dissension, ils vont vers le Parti d’action nationaliste (MHP), parce que celui-ci, depuis les années 1980, a réussi à concilier l’ancien nationalisme panturc et l’islam (ce qu’on a appelé la « synthèse turco-islamique »).
En 2011, l’AKP a perdu le soutien de l’ensemble de la Nakchibendiye à cause de sa politique religieuse modérée, et ses votes sont allés vers le MHP et le Parti du bonheur. Mais, lors de la présidentielle de 2014 et des législatives de 2015, les trois branches de la confrérie ont soutenu Erdogan, à l’issue de tractations et de promesses diverses, et face au risque de voir l’AKP perdre, ce qui aurait nui aux islamistes en général. Les confréries soutiennent aujourd’hui le oui au référendum sur la réforme constitutionnelle du 16 avril devant étendre les pouvoirs d’Erdogan.
Le mouvement de Fethullah Gülen peut-il être considéré comme une confrérie ?
Ce courant, issu du mouvement des Nourdjous (partisans de la lumière), apparu à la fin du XIXe siècle, est devenu l’une des plus puissantes mouvances de l’islamisme turc contemporain. Son fondateur, Saïd Nursi (1878-1960), dénonçait le système archaïque des confréries qu’il estimait inadapté à la modernité et responsable du déclin de l’Empire ottoman et de l’islam. Mais Nursi, repris par Fethullah Gülen, ne critique pas la pensée soufie, qu’il considère comme autonome et non corrompue par le confrérisme. Les Nourdjous et le courant de Gülen, qui se présentent comme des « communautés » (cemaat), défendent le soufisme contre le confrérisme, ce qui les oppose depuis toujours aux nakchibendis.
Gülen s’est séparé, en 1974, du mouvement nourdjou, car il voulait davantage d’action politique que ne le permettait le mouvement, adepte de la neutralité. Il voulait aussi mettre l’accent sur l’éducation en créant un réseau d’écoles nouvelles. Le conflit qui oppose l’islam politique et la communauté de Gülen est ancien. Erbakan et Gülen se détestent, et les deux hommes divergent sur de nombreux dossiers : le voile, les écoles religieuses, l’armée, la politique à l’égard d’Israël, de l’Iran, etc. Si Gülen rejoint l’AKP en 2002, c’est, entre autres, parce que son vieil ennemi Erbakan en a été écarté, mais les sujets de divergence restent latents.
La rupture de la fin 2013, entre l’AKP d’Erdogan et la communauté de Gülen, était prévisible car les gülenistes ont noyauté l’appareil d’Etat. Outre cette rivalité pour le pouvoir, il s’agit d’un affrontement entre deux charismes, deux hommes qui, chacun à sa manière, fascinent leurs troupes. Il y a là une guerre interne au sunnisme, sur la façon de marier celui-ci avec les impératifs d’un Etat moderne, démocratique. L’AKP poursuit les gülenistes à partir de 2014, et principalement depuis le coup d’Etat de juillet 2016 qui leur est imputé, ce qui n’est pas entièrement faux.
L’organisation des Frères musulmans est-elle influente en Turquie ?
L’islam politique turc présente de nombreux points communs avec les Frères musulmans égyptiens, dont Erdogan avait salué la victoire électorale en 2012, au moment des printemps arabes. Il a ensuite condamné le coup d’Etat du général Al-Sissi, un an plus tard, qui a fait jeter le président, Mohamed Morsi, en prison et contraint un grand nombre de Frères à fuir l’Egypte pour la Turquie. Cette idéologie n’est pas sans influence en Turquie, où les principaux penseurs du mouvement (Hassan Al-Banna, Mohamed Qotb) ont été traduits depuis les années 1970.
On connaît aussi des théologiens proches de l’AKP qui louent l’idéologie des Frères, mais critiquent les confréries qui, à leurs yeux, divisent l’islam et imposent des maîtres spirituels entre les hommes et Dieu. Le geste des « quatre doigts levés » que les Frères musulmans ont exécuté sur la place Rabiya Al-Adawiya, au Caire, au moment du coup d’Etat de 2013, a été adopté par Erdogan pour marquer son opposition au putsch égyptien et son combat contre les ennemis qui ont frappé la Turquie en juillet 2016.
La sécularisation imposée par Atatürk n’a-t-elle pas, au contraire, renforcé l’islam turc ?
La violence des réformes kémalistes entre 1925 et 1936, qui ont effacé l’empreinte de l’islam et de la civilisation ottomane sur la Turquie moderne, a suscité une réaction religieuse dès que le pays a adopté le pluripartisme en 1946. Le projet d’Atatürk de réformer l’islam pour en faire une religion de la raison et des Lumières est un échec. Le pays a connu un tournant en 1980, lorsque les militaires ont imposé des cours de religion obligatoires dans les écoles de la République afin d’opposer une morale religieuse à l’athéisme marxiste. La « synthèse turco-islamique » s’est imposée comme l’idéologie officielle.
Depuis la victoire de l’AKP, la laïcité autoritaire de l’Etat turc n’est plus de mise : Erdogan veut une laïcité neutre, mais un individu libre de ne pas l’être et de donner une grande visibilité à sa pratique religieuse. Ces deux dernières années, des élus de l’AKP ont suggéré que la laïcité ne devrait plus avoir sa place dans la nouvelle Constitution. Difficile de savoir s’il s’agit d’une simple velléité ou d’un plan annoncé pour une sortie de la laïcité.
La Turquie pourrait-elle devenir à terme une République islamique ?
Il est impensable que la Turquie puisse se donner un régime qui, sur le modèle de l’Iran ou du Soudan, impose la charia. Non seulement, les partisans d’un tel régime sont, semble-t-il, minoritaires parmi les électeurs de l’AKP, mais ce régime susciterait immédiatement contre lui une alliance sacrée des kémalistes, laïques et nationalistes, et des alévis.
L’enjeu des années à venir, si l’AKP reste au pouvoir, est plutôt une éventuelle sortie de la laïcité qui pourrait faire de la Turquie, à l’instar de plusieurs pays européens, une démocratie qui reconnaîtrait un culte. Mais, là aussi, les oppositions seront vives.
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