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Le Monde, le 13/07/2019
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
L’universitaire Sümbül Kaya souligne que les purges se poursuivent au sein de l’armée turque, trois ans après le putsch manqué du 15 juillet 2016, en même temps que l’institution abandonne certaines de ses valeurs kémalistes, la laïcité, entre autres.
Sümbül Kaya est pensionnaire scientifique à l’Institut français d’études anatoliennes à Istanbul (IFEA). Elle est aussi l’auteure d’une thèse sur la socialisation militaire à l’université Paris-I. Elle analyse les changements survenus au sein des forces armées turques, trois ans après la tentative de putsch du 15 juillet 2016.
Quel est le bilan des purges menées au sein de l’armée turque après le putsch manqué du 15 juillet 2016 ?
Après l’imposition de l’état d’urgence – de juillet 2016 à juillet 2018 –, l’armée a connu une vague de purges sans précédent. Elles se sont produites sur décret-loi, sans décision de justice, sans procès. Au total, plus de 16 677 membres de l’armée, tous grades confondus, ont été mis à pied. Plus de 1 567 militaires ont démissionné ou été licenciés.
Trois ans après la tentative de putsch du 15 juillet 2016, les purges ne connaissent pas de fin. A l’heure qu’il est, des procédures administratives et judiciaires sont en cours contre 7 335 membres des forces armées. Les arrestations et les mises en examen se poursuivent. Elles sont justifiées par la lutte en cours contre le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par les autorités d’avoir infiltré l’institution militaire et d’avoir fomenté la tentative de putsch.
Faire entrer l’armée dans les casernes n’était-il pas le principal souhait des islamo-conservateurs au pouvoir, bien avant la tentative de putsch du 15 juillet 2016 ?
La transformation des relations entre le pouvoir civil et le pouvoir militaire a commencé dès 2002-2003, quand Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) sont arrivés au pouvoir.
Au nom de l’harmonisation avec la législation européenne, des lois ont alors été adoptées, qui ont affaibli les prérogatives de l’armée. Le Conseil de sécurité nationale a notamment perdu son pouvoir d’imposer des décisions politiques au gouvernement civil qui, jusqu’ici, était contraint de les appliquer.
On peut voir là une forme de revanche de la part de Recep Tayyip Erdogan, qui est resté très marqué par le coup d’Etat « mou » de février 1997, quand le Conseil de sécurité nationale a fait fermer le parti Refah, la formation de l’islam politique dont il était membre. Lui-même a ensuite été condamné à cent vingt jours d’emprisonnement pour la lecture publique d’un poème religieux.
Le changement était progressif jusqu’à la tentative de coup d’Etat de 2016. Il est alors devenu plus radical. Quinze jours après la tentative de coup d’Etat, un décret-loi a complètement bouleversé l’anatomie de l’institution militaire. La présence des militaires a diminué au sein des instances étatiques, ils ont perdu, entre autres, leur monopole au sein du YAS, l’instance chargée des promotions des haut gradés au sein de l’armée. Leurs prérogatives ont été transférées au pouvoir civil. A l’heure actuelle, le YAS est composé essentiellement de membres de l’AKP, de ministres du gouvernement (justice, intérieur, affaires étrangères, en plus de la défense, qui y était toujours représentée), il ne reste pratiquement plus de haut gradés en son sein.
L’armée turque est donc passée sous le contrôle du pouvoir civil ?
Dans le discours officiel, cette transformation est justifiée par la nécessité de ramener l’armée sous le parapluie du pouvoir civil et aussi par la volonté de la rendre plus professionnelle. Cette politique volontariste, dont le maître mot est modernisation, s’est assortie d’un changement idéologique.
Le Parti républicain du peuple voit dans les revirements idéologiques de l’institution militaire le signe de son islamisation.
Les forces armées turques se sont éloignées de certaines des valeurs kémalistes, la laïcité, entre autres, au profit d’un rapprochement avec les valeurs conservatrices et religieuses de l’AKP. Ces changements sont contestés par les partis d’opposition, notamment par les sympathisants du Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste), qui défendent l’héritage de Mustafa Kemal, dit « Atatürk », le fondateur de la Turquie moderne. Ils y voient une islamisation de l’institution militaire, évoquent une attaque contre l’armée, considérée par eux comme le dernier rempart du kémalisme.
Quelles sont les manifestations de ce revirement idéologique ?
A partir de 2017, les médias et les réseaux sociaux ont commencé à mettre en scène les prières collectives de haut gradés avec les soldats. Par exemple, en février 2017, des photos de Hulusi Akar, alors chef d’état-major, en train de prier à La Mecque aux côtés du président Erdogan ont largement été publiées dans les médias.
De la même façon, l’actuel chef d’état-major a été récemment montré en train de prier avec les conscrits auxquels il était venu rendre visite dans une garnison à Hakkari (sud-est de la Turquie à majorité kurde). Les mêmes scènes ont été vues lors de la conquête d’Afrin, la région kurde du nord-ouest de la Syrie prise par l’armée turque et ses supplétifs syriens en février 2018.
En février 2017, les normes vestimentaires ont changé avec la levée de l’interdiction du port du foulard islamique pour les femmes. Enfin, certains rituels ont été modifiés, notamment ceux qui accompagnent les repas ou les obsèques. Jadis, au moment des repas, une prière était prononcée en hommage à Dieu, appelé alors « Tanri » en turc, un terme plutôt neutre, qui n’est pas réservé au seul islam sunnite. En novembre 2017, ce terme a été remplacé par « Allah ».
Autre changement, la Marche funèbre de Frédéric Chopin, qui, jouée par une fanfare, accompagnait habituellement les obsèques des militaires depuis 1932, a été remplacée par la prière du Takbir (« Dieu est grand »). Il n’y a plus de fanfare et hormis le Takbir, les obsèques ont lieu en silence. Encore une fois, ces changements ont lieu au nom de la nécessité de placer l’armée sous le contrôle du pouvoir civil. D’ailleurs, le plus souvent, ils sont annoncés par le biais de directives émanant du ministère de l’intérieur.
Quels changements dans la politique de recrutement…
Les purges ont laissé un vide, les effectifs ont sensiblement baissé, ouvrant la voie à une nouvelle politique de recrutement, laquelle traduit la volonté des gouvernants de contrôler davantage le processus, avec des candidats au profil idéologique davantage conforme aux idées de la droite conservatrice.
Quinze jours après la tentative de coup d’Etat, les écoles militaires ont été fermées. Les élèves militaires qui étaient en fin de cursus et se préparaient à entrer en fonctions n’ont pas pu le faire. Ils ont dû retourner à la vie civile et reprendre des études dans d’autres universités.
Avec le décret du 30 juillet 2016, une réforme importante a vu le jour. Les élèves scolarisés dans les lycées religieux appelés imam hatip (là où les futurs imams sont formés) sont dorénavant admis à présenter les concours pour intégrer l’armée, chose impensable jadis. Il y a quelques années de cela, j’avais pour ma part entendu pas mal de récits sur le fait que les nouvelles recrues militaires devaient parfois subir un examen des genoux, la présence de callosités à cet endroit étant censée révéler une pratique religieuse développée et qu’il fallait absolument cacher. Désormais, la tolérance est incomparablement plus grande.
A terme, on peut imaginer que cette nouvelle politique de recrutement favorisera l’émergence d’un profil de militaire en phase avec les orientations idéologiques de la droite conservatrice.
Toutefois, l’armée n’est pas une institution homogène, elle est traversée par les différents courants de pensée représentés au sein de la société. Le courant conservateur religieux va-t-il prendre le dessus par rapport aux autres ? Il sera intéressant de voir comment il va composer avec les cercles kémalistes, atlantistes, eurasianistes, adeptes du rapprochement avec la Russie.
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