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Le Monde, le 10/04/2016
Par Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Le Président Turc Tayyip Erdogan à l’académie militaire d’Istanbul, avec derrière lui un portrait du fondateur de la Turquie moderne, Atatürk, le 28 mars 2016. KAYHAN OZER / REUTERS
« Davutoglu était le maître », se souvient une journaliste turque qui a assisté à la phase finale des tractations entre les chefs d’Etat de l’Union européenne (UE) et le premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, sur l’accord migratoire conclu à Bruxelles le 18 mars. « Les Européens lui ont montré un texte. Rien n’était clair. (…) Davutoglu leur a suggéré de s’arranger entre eux, puisqu’ils connaissaient les conditions fixées par la Turquie. Il a regagné son hôtel en leur recommandant de l’appeler une fois l’accord trouvé. Quarante-cinq minutes plus tard, tout était prêt. Ils l’ont appelé et il est venu signer. » Un récit illustrant parfaitement l’assurance retrouvée d’une Turquie forte face à une Europe faible et divisée.
Après ces négociations qualifiées par M. Davutoglu de « marchandage de Kayseri », en référence à cette ville anatolienne réputée pour le dynamisme de ses commerçants, la Turquie a en effet obtenu ce qu’elle voulait : 6 milliards d’euros pour soutenir l’accueil des migrants sur son territoire, une exemption de visa vers l’Europe pour ses ressortissants et la relance du processus de son adhésion à l’UE.
De ces acquis, le dernier est sans conteste le plus jubilatoire. Après plus de cinquante ans de déconvenues, la Turquie a vu le vent tourner en raison de l’incapacité des pays européens à s’entendre sur une réponse interne à apporter à la crise migratoire. Avant l’arrivée massive de réfugiés en Europe, durant l’année 2015, personne à Bruxelles ne songeait à accélérer le processus d’adhésion de la Turquie, moribond depuis 2008. Lancées en 2005, les négociations avaient buté sur les réticences de la France et de l’Allemagne, hostiles à l’idée de voir un pays musulman de 78 millions d’habitants venir bousculer les équilibres en Europe. Le veto de Chypre, pays que la Turquie n’a toujours pas reconnu, avait été le coup de grâce.
Depuis son fastueux palais d’Ankara, le président Recep Tayyip Erdogan a pu savourer à distance la volte-face des Vingt-Huit. N’a-t-il pas toujours dit et répété que c’est l’Union européenne qui a besoin de la Turquie, et non l’inverse ? Les faits lui donnent raison. Sentinelle de l’Occident au moment de la guerre froide, la » petite Asie » redevient son rempart, contre les migrants cette fois. Les » valeurs européennes « , Etat de droit, respect des libertés fondamentales et des minorités, peuvent attendre… Car Ankara est désormais en mesure de dicter ses conditions.
Avant de quitter la capitale européenne et l’accord en poche (il est entré en application le 4 avril), M. Davutoglu a exalté la relation turco-européenne : » Une même destinée, des objectifs semblables, un avenir commun ! » Mais y croit-il seulement ? Pas vraiment, assure -Bayram Balci, chercheur à Sciences Po : » Les Turcs savent que leur rêve d’Europe n’est pas près de se réaliser. Ils ne croient pas en la sincérité des Européens. Mais la reprise du processus a une certaine utilité pour les deux parties. Ankara y voit un remède à l’isolement du pays, enlisé dans plusieurs crises régionales, en Syrie, en Irak, et aux prises avec la question kurde. »
Les Européens n’y croient pas davantage. » Cet accord est un jeu de dupes. Personne ne peut réellement donner une perspective d’adhésion à la Turquie dans la période que nous traversons « , s’insurge l’ex-député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit. Alors pourquoi ce zèle à négocier ? L’accord a pu se faire, parce que, poursuit-il, » les Européens ont laissé – Angela – Merkel seule. Elle était obligée de trouver une issue pour ralentir cet afflux migratoire et ses partenaires lui ont dit “débrouille-toi !”. Les Hollandais, les Français critiquent l’accord, mais cela ne change rien à leur position sur l’accueil des réfugiés « . Quant au président turc Recep Tayyip Erdogan, » il sait que ni les Français ni les Allemands ne veulent vraiment l’adhésion de son pays, analyse l’ancien député européen. Il a juste besoin de ces négociations pour s’affirmer comme une personnalité centrale, incontournable dans la région. Il renforce sa position, ce qui affaiblit les oppositions – dans son pays – « .
» Putain du pkk »
Au pouvoir depuis 2003, d’abord en tant que premier ministre puis, depuis 2014, comme président, M. Erdogan est accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs. Trente-deux journalistes sont actuellement en prison, des centaines d’universitaires sont harcelés pour avoir signé une pétition, 1 845 plaintes sont en cours d’instruction pour » insulte au chef de l’Etat « . Au sud-est du pays, la guerre a repris de plus belle entre les forces turques et les rebelles armés du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, autonomiste et interdit en Turquie). C’est pourtant le moment qu’a choisi l’UE pour lui tendre la main.
Mettre la Turquie sur les rails de la démocratie ne semble guère être une priorité de son président. Le 25 mars, deux journalistes de -Cumhuriyet, Can Dündar et Erdem Gül, étaient jugés pour leurs écrits au tribunal de Caglayan, à Istanbul. Accusés d’espionnage, de tentative de coup d’Etat et de soutien au terrorisme, ils encourent la perpétuité. La présence à l’audience de diplomates occidentaux, -pendant les quelques heures où celle-ci était -publique, a déclenché l’ire de M. Erdogan : » Qui êtes-vous ? Qu’aviez-vous à faire là-bas ? La diplomatie a ses règles ! Ce n’est pas votre pays. C’est la Turquie ! Vous pouvez vous déplacer dans le consulat et autour mais, ailleurs, il faut une autorisation. »
Autre coup de semonce diplomatique. Le président n’ayant pas goûté l’humour d’une chanson moquant le » Big Boss du Bosphore « , diffusée le 17 mars dans une émission satirique de la chaîne publique allemande NDR, les autorités turques n’ont pas hésité à convoquer Martin Erdmann, ambassadeur d’Allemagne à Ankara, pour réclamer des explications. » Je ne suis pas en guerre contre la presse « , a plus tard assuré M. Erdogan à la journaliste Christiane Amanpour sur CNN, le 31 mars, à l’occasion de sa visite aux Etats-Unis. Le même jour, son service d’ordre avait molesté des journalistes désireux de suivre son discours devant la Brookings Institution, à Washington, dont l’ancienne correspondante de The Economist en Turquie, Amberin Zaman, élégamment qualifiée par les gardes du président de » putain du PKK « .
Une attitude et une posture très éloignées de celles qu’affichait Recep Tayyip Erdogan lors de son premier mandat (2003-2007). Il était alors partisan déclaré des réformes et d’un ancrage européen de la Turquie. A l’époque, le Parlement avait mis les bouchées doubles pour conformer le pays aux exigences européennes : abolition de la peine de mort et des tribunaux d’exception, rédaction d’un nouveau code pénal… En 2004, son gouvernement islamo-conservateur avait même pris le risque politique de soutenir le » plan Annan » concocté par l’ONU, visant à réunifier Chypre, malgré les fortes réserves de l’armée. Lors du référendum, en avril 2004, les Chypriotes turcs avaient dit oui à la réunification, les Chypriotes grecs s’y étaient opposés massivement. Au final, seule la partie grecque de l’île a rejoint l’UE, laissant le Nord turc dans son isolement.
Dès lors, l’attrait pour le projet européen n’a cessé de décliner en Turquie. Si 73 % des Turcs étaient favorables à l’adhésion à l’UE en 2004, ils n’étaient plus que 53 % en 2014. Un incident illustre le mépris dont ils se croient l’objet. Lors de sa visite éclair à Ankara, le 25 février 2011, le président français Nicolas Sarkozy avait été incapable de renoncer à son chewing-gum pendant ses entrevues officielles. Un détail qui a marqué les esprits. Aujourd’hui encore, le chewing-gum de Sarkozy est resté dans les mémoires comme la marque d’une humiliation suprême, faisant presque passer au second plan les assertions du dirigeant français sur une éventuelle adhésion européenne de la Turquie. » Soit nous disons non à la Turquie et nous l’humilions, soit nous disons oui et nous détruisons l’Europe « , avait résumé, en décembre 2006, M. Sarkozy, alors président de l’UMP et candidat à l’élection présidentielle.
Recep Tayyip Erdogan s’est plaint auprès de Vladimir Poutine des mauvaises manières que lui faisaient des Européens. » Avant l’arrivée de Merkel et de Sarkozy au pouvoir, je -participais aux sommets, mais ça n’est plus le cas. Ce sont eux qui ont saboté le processus « , déplorait-il lors d’une visite à Moscou, le 18 juillet 2012. Six mois plus tard, il réclamait au maître du Kremlin un siège pour son pays dans l’Organisation de coopération de Shanghaï, un groupe sécuritaire emmené par Moscou pour faire contrepoids à l’influence américaine en Asie centrale. Son argument : » Si vous nous acceptez, nous pourrons en finir avec le processus d’intégration européenne. »
Nouvelle doxa
Mais le Recep Tayyip Erdogan du premier mandat était-il sincèrement pro-européen ? En 2003, son pouvoir n’était pas illimité et il avançait avec prudence. A l’époque, » l’armée et l’establishment laïque sont aux aguets. – M. Erdogan – va s’attacher à rogner leurs -prérogatives, à limiter leur pouvoir, écrivent Nicolas Cheviron et Jean-François Pérouse dans une biographie détaillée, intitulée Erdogan, nouveau père de la Turquie ? (Ed. François Bourin, 440 p., 26 €). Pour parvenir à ses fins, il dispose d’un instrument puissant : le projet d’adhésion de la Turquie à l’UE et les réformes démocratiques – que ce projet – suppose « . -L’attachement aux valeurs démocratiques qu’il proclamait à cette période suscite encore des interrogations à ce jour. N’avait-il pas confié au quotidien Milliyet le 14 juillet 1996, alors qu’il était maire d’Istanbul, que la -démocratie » est un moyen, non une fin » ? A-t-il instrumentalisé le projet européen ? Question » insoluble « , selon les auteurs.
Au cours de son troisième mandat (2011-2014), c’est un tout autre Recep Tayyip Erdogan qui se dessine. Soucieux d’imprimer sa marque sur le pays, à l’instar d’Atatürk, le fondateur de la République laïque tournée vers l’Occident, mais dans une volonté de renverser l’ordre établi. Selon sa nouvelle doxa, la Turquie n’a jamais été le partenaire naturel de l’Occident. La décision des pères fondateurs, soucieux d’ancrer le pays à l’Ouest, était mauvaise car elle a coupé les Turcs de leur héritage ottoman et de leurs racines islamiques. Le pays doit, au plus vite, retrouver son rôle de chef de file du monde musulman.
Les » printemps arabes « qui se succèdent en 2011 apparaissent alors comme l’occasion rêvée de mettre en pratique cette nouvelle doctrine. Le gouvernement islamo-conservateur turc pouvait espérer qu’avec la chute des dictateurs arabes en Tunisie, en Egypte et en Libye, voire peut-être bientôt en Syrie, tout le bassin de la Méditerranée orientale allait se retrouver sous l’influence des Frères musulmans, dont les vues politiques correspondent à celles de M. Erdogan. Ne possède-t-il pas, posée sur son bureau, une sculpture de la » Rabia « , cette main au pouce replié vers la paume et aux quatre doigts dressés, signe de ralliement à la confrérie musulmane, lors du coup d’Etat de l’armée égyptienne contre le président islamiste Mohamed Morsi, à l’été 2013 ?
Mais la chute de Morsi marque l’écroulement de ce rêve panislamique et le pari d’Erdogan tourne au cauchemar. La théorie du » zéro problème avec les voisins « , élaborée au milieu des années 2000 par Ahmet Davutoglu, s’enlise bientôt dans les sables mouvants des conflits arabes succédant au » printemps » qui n’a pas tenu ses promesses. Le paysage diplomatique est mitigé, pour ne pas dire sombre : les relations de la Turquie sont mauvaises avec l’Egypte, froides avec l’Irak, tendues avec l’Iran, promises à un rabibochage avec Israël et très dégradées avec la Russie… La destruction d’un avion de chasse russe par des F-16 turcs, le 24 novembre 2015, va même provoquer une brouille sérieuse avec Moscou. Depuis l’intervention armée de Vladimir Poutine aux côtés de Bachar Al-Assad en Syrie, les incidents se sont multipliés. Avec l’installation, par Moscou, d’un système de défense antiaérien dans le nord de la Syrie, l’aviation turque se retrouve paralysée. Seule l’artillerie peut encore pilonner depuis la frontière des combattants kurdes syriens devenus, eux aussi, des » ennemis » de la Turquie.
» L’imam Beckenbauer »
Dans ce contexte d’isolement, le blanc-seing accordé par l’UE ne pouvait pas mieux tomber pour Erdogan. Il peut désormais se consacrer à ses obsessions autocratiques et mégalomaniaques. L’ancien gamin du quartier populaire de Kasimpasa, à Istanbul, celui que ses camarades de jeunesse surnommaient » l’imam Beckenbauer » parce qu’il était à la fois le plus religieux et le meilleur joueur de football d’entre eux, se sent investi d’une nouvelle » mission « . Il l’a fait savoir en toute modestie : » Si je m’en vais, l’Etat périclite. »
Son installation dans un palais de 200 000 mètres carrés à Ankara au coût faramineux de 491 millions d’euros, peu après son élection comme président en 2014, a visiblement accéléré sa perte de contact avec la réalité. Oublié » l’imam Beckenbauer » : sa folie des grandeurs lui vaut le nouveau surnom de » sultan « . Ses discours sont plus idéologiques, mêlant la rhétorique populiste, religieuse et nationaliste. » Que dit le commandement ? Que Dieu nous suffit et qu’il est le meilleur juge. Sans lui, nous n’aurions jamais pu affronter l’armée de Byzance (…) ni créer le plus puissant des Etats et le garder en vie pendant 600 ans « , déclame-t-il le 6 janvier devant des centaines de maires de petits villages réunis dans son palais d’inspiration » néo-seldjoukide « .
L’homme aime à s’approprier l’Histoire. Dans son imaginaire, 2023 sera une année-clé. A cette date, sera célébré le centième anniversaire de la République turque. En profitera-t-il pour la remplacer par la » République d’Erdogan » ? Le culte de la personnalité s’installe. » Voici le verre utilisé par notre -président pour boire de l’eau pendant son discours « , écrivait récemment l’un de ses jeunes admirateurs sur son compte Twitter, photo à l’appui. Un autre de ses zélotes, -Abdurrahman Dilipak, éditorialiste du quotidien pro-gouvernemental Yeni Akit, réclame pour sa part un retour au califat, comme durant le règne du sultan Abdulhamid II (1876-1909) qui le réinstaura dans toute sa grandeur… avant d’être déposé par les Jeunes Turcs.
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