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Courrier International, le 16/10/2017
par THE NEW YORK TIMES WORLD REVIEW – NEW YORK
La police turque arrête une femme lors d’une manifestation organisée le 10 octobre 2016 en mémoire des victimes de l’attentat suicide survenu un an plus tôt à Ankara. PHOTO UMIT BEKTAS/REUTERS
La féroce répression qui s’est abattue sur la Turquie depuis l’été 2016 montre au monde combien les acquis démocratiques peuvent être fragiles, estime la grande écrivaine turque, Elif Shafak dans cette tribune publiée par The New York Times World Review.
Tous ceux qui ont visité Ankara ont probablement remarqué la “statue de la femme”, une sculpture en bronze représentant une jeune femme en train de lire. Réalisée par l’artiste turc Metin Yurdanur, elle est considérée comme le monument des droits humains de la capitale, l’œuvre lue par la femme étant la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Quand la statue a été érigée, en 1990, j’étais étudiante. Nous restions assis à ses pieds pendant des heures, à boire de la bière, fumer des cigarettes et écouter de la musique rock, à laquelle se mêlait le bruit des dés jetés sur les pistes de backgammon dans les cafés et salons de thé du voisinage. La scène réunissait des mondes opposés : Orient et Occident, traditions et modernité, religion et laïcité. Ce mélange pouvait paraître confus aux yeux des étrangers, mais il ne nous dérangeait pas, nous les Turcs, pour la bonne raison que nous avons du mal avec les questions d’identité.
Au fil des ans, le monument a acquis une fonction politique. Chaque fois que le gouvernement a renforcé sa répression dans les régions à majorité kurde et privé leurs habitants de droits comme celui d’étudier dans leur langue maternelle, des activistes kurdes se sont rassemblés autour de la statue pour diffuser des communiqués. Et tous ceux qui se sentaient muselés par le régime leur ont emboîté le pas : tenants de la laïcité, sectes religieuses, groupes de défense des droits des femmes, minorités sexuelles.
L’an dernier, la statue a été plus honorée que jamais. Après la tentative de coup d’État de juillet 2016, qui a fait plus de 200 morts et traumatisé tout le pays, le président Recep Tayyip Erdogan a instauré l’état d’urgence en Turquie. Pendant quelques jours, le putsch a été unanimement condamné par le peuple. Droite et gauche confondues. Mais le consensus n’a pas été de longue durée. L’AKP (Parti de la justice et du développement, dirigé par Erdogan) a lancé une purge massive. Depuis, quelque 150 000 personnes ont été licenciées et 50 000 arrêtées.
La répression est particulièrement dure pour les journalistes, les écrivains et l’ensemble des intellectuels. Wikipédia a été bloqué, plus de 150 médias ont été fermés, quelque 150 journalistes jetés en prison et un nombre plus important encore placés sur une liste noire.
La répression n’épargne personne
Des universitaires dont le seul “crime” est d’avoir signé une pétition pour la paix ont été limogés, emprisonnés, stigmatisés. Une fois diabolisés en public, ils ne peuvent plus trouver de poste dans une université turque. Deux d’entre eux, Mehmet Fatih Tras et Mustafa Sadik Akdag, se sont suicidés.
Dans un État de droit, toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie. Aujourd’hui, en Turquie, c’est l’inverse. Des gens issus de tout le spectre idéologique, accusés sans preuve d’avoir fomenté le coup d’État, sont contraints de prouver leur innocence. C’est notamment le cas de rédacteurs du Cumhuriyet, le célèbre journal d’opposition, qui ont été accusés d’avoir pris part à la préparation du putsch, une accusation que personne n’a prise au sérieux. Sept membres de l’équipe ont été remis en liberté, mais cinq autres, dont les journalistes de renom Ahmet Sik et Kadri Gürsel [finalement libéré le 25 septembre], sont toujours incarcérés.
Parmi les centaines de personnes qui ont organisé des manifestations et des sit-in autour de la “statue de la femme”, deux ont rayonné dans tout le pays : Nuriye Gülmen, professeure de littérature, et Semih Ozakça, instituteur. Quand ces deux enseignants ont été radiés illégalement de l’Éducation nationale, ils ont lancé une grève de la faim, se nourrissant exclusivement d’eau salée et de solution sucrée. En mai, face au soutien croissant à leur action aux échelles nationale et internationale, la police a dispersé les rassemblements, emprisonné des activistes, barricadé le secteur et incarcéré les deux grévistes de la faim. Quand une nouvelle campagne a été lancée pour appeler l’opinion à les soutenir en entonnant des chants et des hymnes, le bureau du gouverneur d’Ankara a interdit les rassemblements publics après la tombée de la nuit.
La trajectoire politique de la Turquie montre au monde la fragilité de la démocratie. C’est un système instable d’équilibre des pouvoirs qui, pour survivre, a besoin de médias libres et d’une société civile consciente de son rôle. L’AKP du président Erdogan croit à tort que le fait d’avoir la majorité dans les urnes lui donne la légitimité et le pouvoir d’agir à sa guise. C’est faux. Le vote n’est qu’un des piliers nécessaires au bon fonctionnement de la démocratie. Il a aussi besoin d’éléments comme la séparation des pouvoirs, l’État de droit, la liberté de la presse et de l’enseignement, qui sont tous mis à mal en Turquie.
Un régime nationaliste, autoritaire et sexiste
Avec la montée en puissance du nationalisme, de l’islamisme et de l’autoritarisme, le sexisme a lui aussi gagné du terrain. Selon le rapport du Forum économique mondial sur les inégalités entre les hommes et les femmes, la Turquie se classe au 130e rang sur 144 pays. Et les cas de harcèlement sexuel sont légion. Récemment, l’AKP a même tenté de faire voter une loi permettant aux violeurs de ne pas être condamnés s’ils épousaient leurs victimes. Face aux protestations des femmes, la proposition de loi a été retirée.
Aujourd’hui, en Turquie, les progressistes ont le sentiment que leur mode de vie est menacé et que la laïcité est de plus en plus remise en question. Les écoles imam-hatip – des établissements de formation d’imams et d’enseignement religieux – comptent plus d’un million d’élèves, contre 63 000 en 2002.
La Turquie est en train de devenir un pays plus religieux, plus parano et plus replié sur lui-même. Un pays où les enseignants peuvent être incarcérés sans raison, où le chant peut être interdit et où les intellectuels peuvent être accusés d’envoyer des messages subliminaux à la société. L’échec de la démocratie turque nous montre que l’histoire n’avance pas toujours. Il lui arrive aussi de reculer.
Elif Shafak – © The New York Times Syndicate, 2017.
SOURCE :
THE NEW YORK TIMES WORLD REVIEW
New York
www.nytimes.com/spotlight/world-review-the-state-of-democracy
Le grand quotidien américain The New York Times organise depuis 2013 un forum annuel à Athènes sur le thème de la démocratie. Il sollicite à cette occasion les contributions de grandes personnalités et de commentateurs, qui s’interrogent sur les défis que doivent affronter les nations démocratiques à l’heure actuelle..
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