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Philosophie magazine, le 06/01/2021
Octave Larmagnac-Matheron
« L’école des Turcs musulmans sera […] un dispositif moral qui tire ses principe de l’éducation, de la métaphysique et de la moralité du Coran […] et qui nourrit la structure spirituelle du peuple anatolien » : c’est par une citation du philosophe turc Nurettin Topçu que le site Kamuajans résumait, il y a quelques jours, les défis de la réforme du système éducatif. La référence est tout sauf étonnante : « Fervents islamistes et nationalistes, Necip Fazıl Kısakürek et Nurettin Topçu furent les mentors de la jeunesse conservatrice et religieuse turque », notait il y a un mois le journaliste Marc Semo dans Le Monde. Longtemps marginalisé par les élites nationalistes kémalistes (du nom du premier président de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk) qui s’efforçaient de laïciser l’identité turque et de mettre au pas la religion, le nationalisme turco-musulman de Kısakürek et Topçu occupe aujourd’hui le devant de la scène : tous deux passent pour les inspirateurs de la politique « islamo-nationaliste » d’Erdoğan, qui voit dans l’islam le fil conducteur d’une identité anatolienne séculaire. Tous les deux considéraient que la religion n’était pas une chose du passé, qu’elle avait un avenir – radieux.
« Malgré leur absence de connaissances théologiques sérieuses, leur aura est devenue rapidement très grande face à un islam officiel étroitement sous contrôle de l’État » durant la période kémaliste, ajoute l’historien Özgür Türesay. La réalité est plus compliquée qu’il n’y paraît, au moins dans le cas de Topçu. Si Erdoğan peut se reconnaître dans l’anatolisme de Topçu, au point d’en faire le lauréat posthume du Grand prix de culture et d’art de la présidence en 2017, sa volonté de rendre son indépendance à la religion s’accompagne d’une prééminence donnée au politique sur le religieux : c’est bien l’État, autoritaire, qui contrôle de manière croissante la société en instrumentalisant la question religieuse-identitaire. Ce revirement, Topçu l’aurait condamné : élève de Bergson, il a tiré, des philosophes français qu’il côtoya lors de son séjour en France, une réflexion complexe et subtile sur l’action et la révolte, contre les pesanteurs du conformisme. À ses yeux, la religion – et non le politique – est le coeur de la vie humaine, parce qu’elle est la source de la liberté.
Nurettin Topçu jette les bases de sa réflexion philosophique lors de son séjour de six ans en France, entre 1928 et 1934. Il suit alors l’enseignement de Bergson, déjà très influent dans les mouvements nationalistes turcs qui voient en lui un critique des dérives matérialistes et individualistes de la modernité occidentale. Il se lie aussi avec le penseur de la mystique et spécialiste de l’islam Louis Massignon. Mais c’est surtout la « philosophie de l’action » développée par Maurice Blondel qui le marque durablement.
Pour Topçu, la vie humaine est marquée par un triple esclavage : 1. L’esclavage de l’homme à l’égard de lui-même, de ses désirs, de sa recherche du plaisir et du bonheur – égoïsme qui enferme l’homme en lui-même. 2. L’esclavage de la « solidarité passive » : les institutions qui ordonnent la vie sociale conduisent les homme à déléguer leur responsabilité éthique, et mutilent donc la personnalité humaine. 3. L’esclavage à l’égard de la « souveraineté tyrannique », politique, de l’État, dont les lois renforcent l’injonction au « conformisme ».
Tout l’enjeu, pour l’homme, est de se libérer de ces pesanteurs du conformisme et de faire l’épreuve de la vérité dans l’action. L’action authentique est, en ce sens, une « révolte » contre toutes les déterminations. Mais pour sortir de lui-même et échapper à l’ordre « naturel » des choses, l’homme a besoin d’un supplément « surnaturel » venu d’ailleurs : l’appel de la responsabilité. Assumer notre responsabilité est la seule forme d’action vraiment libre.
Topçu identifie le point obscur d’où émane cette responsabilité : pour lui, elle vient de Dieu. La révolte est donc fondamentalement religieuse. Être libre, c’est, pour Topçu, ne faire qu’un avec la volonté de Dieu. L’action est à la fois le mouvement le plus intime de l’individu et en même temps son ouverture la plus profonde à l’universel – en l’occurrence à l’universalité de Dieu, bien plus universelle que celle des sciences et de la raison. Par ailleurs, si la révolte est parfaitement individuelle parce qu’elle touche à ce qu’il y a de plus intime en chacun, elle est en même temps totalement tournée vers l’autre, vers la « charité » et la responsabilité que nous avons à son égard.
Par son opposition au conformisme, Topçu pourrait passer pour un véritable révolutionnaire, incompatible avec sa récupération politique par Erdoğan. Il défend pourtant, aussi, une vision forte de la tradition – religieuse – dans laquelle il voit le fil conducteur d’une identité turque séculaire. À ses yeux, en effet, la religion n’est pas une institution aliénante de contrôle social : la religion, c’est l’histoire singulière de « héros de la révolte » qui ont embrassé pleinement la liberté grâce à l’appel de Dieu, et nous invitent à reconduire leur geste libérateur.
Alors, Erdoğan est-il vraiment le disciple de Topçu ? Oui, si l’on s’en tient à sa conception de l’identité de la nation turque fondamentalement religieuse. La réponse doit néanmoins être nuancée : malgré son opposition au kémalisme, Erdoğan en a en effet repris deux aspects essentiels, à savoir l’étatisme et le centralisme. Or, ces deux principes sont difficilement conciliables avec la place que Topçu accorde à l’action singulière de l’individu…
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