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Par RFI, Â le 03/04/2016
Ce dimanche 3 avril 2016, des combats sporadiques ont perduré au Haut-Karabagh, dans le Caucase du Sud, malgré l’annonce unilatérale d’un cessez-le-feu par l’Azerbaïdjan. Les affrontements, qui ont commencé dans la nuit de vendredi à samedi, opposant les forces azerbaïdjanaises et arméniennes, ont fait au moins une trentaine de morts. La Turquie, le plus fidèle allié de Bakou, a dénoncé une « agression » de l’Arménie, et demande à la communauté internationale de s’impliquer davantage dans la résolution de ce conflit.
L’Azerbaïdjan a annoncé ce dimanche un cessez-le-feu « unilatéral » au Haut-Karabagh, où ont éclaté ce week-end les plus importants affrontements sur place depuis 1994 et la fin d’une guerre engagée en 1988 – 30 000 morts, des centaines de milliers de réfugiés majoritairement azéris. Mais Bakou d’ajouter que les forces armées consolideront les positions acquises, et répondront en cas d’attaque.
Dans le sillage de cette annonce, cependant, un porte-parole des séparatistes du Haut-Karabagh, république autoproclamée soutenue par Erevan depuis la prise de ce territoire pendant la guerre, a répondu que des « combats importants » n’avaient pas cessé, évoquant « les secteurs sud-est et nord-est de la frontière ». Il convient donc de rester vigilant face à l’évolution de la situation dans les heures à venir.
Ankara prie pour ses « frères » d’Azerbaïdjan
Samedi, le président russe avait promptement réagi au déclenchement des hostilités, tentant d’amener les deux parties vers l’accalmie. Qu’en est-il de la Turquie, soutien inconditionnel de Bakou et rival de la Russie sur plusieurs terrains, à commencer par la Syrie ? Sans surprise, Ankara a pris position en faveur de l’Azerbaïdjan. Le ministre des Affaires étrangères a évoqué une « attaque de l’Arménie », avant d’appeler Erevan à proclamer un cessez-le-feu.
Le président Recep Tayyip Erdogan s’est également exprimé, rapporte notre correspondant à Istanbul, Alexandre Billette. Il a assuré que la Turquie serait aux côtés de l’Azerbaïdjan « jusqu’au bout ». Et de prier « pour le triomphe » des Azerbaïdjanais, qui sont « nos frères », a dit le président turc. Recep Tayyip Erdogan a également critiqué, notamment, le groupe de Minsk de l’OSCE, dirigé par la France, la Russie et les Etats-Unis et chargé de la résolution de ce conflit.
Une entité passée de main en main
Le conflit du Haut-Karabagh a plus de 20 ans. Au long de son histoire, cette région a été contrôlée successivement par le royaume d’Arménie, le Califat, ou encore l’empire russe. Au cours de la période soviétique, le territoire a été intégré à la République socialiste d’Azerbaïdjan, membre de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Les Arméniens du Karabagh, largement majoritaires, affirmaient alors faire l’objet de discriminations, et à une forme de colonisation visant, selon eux, à augmenter le nombre d’Azéris dans la région et à réduire la population arménienne.
Les choses se gâtent en 1988, lorsque profitant de la perestroïka du numéro un soviétique Mikhaïl Gorbatchev, la région autonome vote son rattachement à l’Arménie. Dans la foulée, les heurts ethniques se multiplient. Puis, en 1991, à la chute de l’Union soviétique, l’Azerbaïdjan et l’Arménie deviennent indépendantes. A ce moment, le Haut-Karabagh proclame son indépendance et confirme le mouvement par référendum.
Escarmouches régulières
Après l’indépendance autoproclamée, l’armée azerbaïdjanaise intervient rapidement. Mais les défenseurs de la nouvelle entité finiront par repousser Bakou avec l’appui de troupes arméniennes. Un cessez-le-feu est finalement signé en mai 1994, et depuis lors, soit pendant 22 ans, les négociations pour un traité de paix, organisées dans le cadre du groupe de Minsk, du nom de la capitale biélorusse, patinent.
Tayyip Erdogan considère que le groupe de Minsk n’a pas su prendre les mesures adéquates pour éviter ce genre d’incidents. Actuellement en visite officielle aux Etats-Unis, le chef de l’Etat turc assure avoir soulevé la question du Karabagh avec ses interlocuteurs au cours de son séjour. L’indépendance du Haut-Karabagh n’est reconnue que par l’Abkhasie, l’Ossétie du Sud et la Transnistrie, et des escarmouches ont régulièrement lieu le long de la frontière avec l’Azerbaïdjan.
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