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Le Monde, le 27/04/2017
La chronique de Mathias Enard, à propos de « Déserteur », d’Halfdan Pisket.
LE MONDE DES LIVRES
Déserteur (Desertor), d’Halfdan Pisket, traduit du danois par Jean-Baptiste Coursaud, Presque lune, 112 p., 18 €.
Extrait de « Déserteur », d’Halfdan Pisket. PRESQUE LUNE
La Nation se méfie toujours de ses marges. Elle les craint. Elle les redoute. Les marges sont la limite entre Nous et Eux. Les marges sont subversives. Les marges sont difficiles à contrôler. Les marges peuvent être soupçonnées de trahison. Souvent la Nation transforme sa peur en violence. Elle souhaite l’identité. La Nation désire ardemment que tous soient comme elle – elle souhaite avoir du pouvoir sur tous. Et si sur tous elle exerce sa violence, c’est sur les marges, les confins, les frontières que celle-ci s’abat le plus impitoyablement.
Nous sommes dans un village du nord-est de la Turquie, dans les années 1960. Un village à l’orée de la forêt qui sépare la Turquie de l’Arménie soviétique, non loin de la Géorgie ou de l’Iran. Un village à la limite de l’Anatolie et du Caucase, à la lisière de l’islam et du christianisme, un village où l’église (clocher cylindrique, presque byzantin, haut, pointu, couvert de tuiles rondes sur lesquelles la neige accroche peu) sert aussi de mosquée. Un village de langues, de cultures, de religions multiples, un Âvillage-frontière.
Autour règnent les sans-noms, les soldats anonymes qui gardent les confins – qui contrôlent les marges. Le déserteur d‘Halfdan Pisket grandit là . Sa mère est arménienne de Russie, son père musulman d’Istanbul. Kémaliste. Le père croit à la force de la Nation, à la puissance de l’héritage d’Atatürk. La mère est arménienne, mais aussi un peu chamane. Le grand frère est musicien. La violence est partout – invisible. Dans le souvenir du génocide arménien, dans la présence des soldats. Elle fait irruption brutalement dans la vie du narrateur – son meilleur ami est tué par les soldats d’une balle en plein visage.
Album d’ombres
Cette figure brisée qui saigne dans la neige, cette gueule cassée entrevue sur la place du village le hante comme une source, un point de départ, le début d’un long voyage dans la douleur extrême. Les coups pleuvent, sur lui et sa famille. On peut chercher à fuir, on n’échappe ni à la cruauté du destin ni à  la puissance de l’Etat. Déserteur, cet album d’ombres, sans couleurs, raconte la vie du père d’Halfdan Pisket – un terrifiant témoignage, indispensable non seulement pour comprendre la relation de l’Etat turc avec ses citoyens, mais aussi pour entrevoir la complexité de son rapport au souvenir, à l’histoire et à ses frontières.
Le narrateur est rattrapé, pour ainsi dire, par l’Etat, qui l’enrôle comme appelé dans cette armée même qui le détruit, lui et sa famille. Il deviendra à son tour un sans-nom, un anonyme… Non. Il est contraint à la désertion. Magnifique récit de l’impossibilité d’appartenir, de la difficulté de participer à une Nation qui cherche à vous briser pour vous rendre identique, anonyme, soldat, Déserteur possède la grande beauté mélancolique de ce village abandonné, de ce village devenu fantôme où les chamanes n’invoquent plus les esprits des loups, où les musulmans ne prient plus dans l’église que leur cédait bien volontiers le pope, de ce village et de ses habitants si bien tordus, si magnifiquement déformés par la pratique de la mixité, de la frontière, par la proximité de l’étranger qu’ils sont à jamais libres, à jamais libres et impossibles à domestiquer, quelle que soit la violence qu’on emploie pour y parvenir.
http://www.lemonde.fr/livres/article/2017/04/27/c-est-graphique-confins-de-turquie_5118382_3260.html#5mc35l0dDg2Ht0Hv.99
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