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Ouest-France, le 15/05/2021
Thomas BROGGINI (avec Clément COMMOLET)
PORTRAIT
Auteur de cinq buts décisifs lors des trois dernières journées de Ligue 1, Burak Yilmaz permet à Lille de conserver la tête du championnat. En plus d’un buteur expérimenté et charismatique, le Losc a recruté l’été dernier une immense star qui déchaîne les passions dans son pays, fasciné par sa carrière et ulcéré par son comportement sur le terrain et sa personnalité. Portrait d’un homme que « tout supporter turc a détesté un jour ».
Raconter le phénomène Burak Yilmaz, arrivé cet été à Lille, revient à s’aventurer sur des territoires éloignés du football. Il y a l’attaquant de 35 ans, dont la carrière révèle un caractère, un talent et une résilience. Et il y a l’homme, dont les convictions politiques, les prises de position et le comportement, sur et en dehors du terrain, divisent la Turquie, « un pays déjà très polarisé », pour reprendre les mots de Daghan Irak, maître de conférences à l’université d’Huddersfield (Angleterre), auteur de recherches sur les relations entre sport et politique.
Avec Yilmaz, la Ligue 1 a accueilli, début août, le capitaine et deuxième meilleur buteur de l’histoire de la sélection turque (66 sélections, 28 réalisations) derrière Hakan Sükür (51 buts). Un avant-centre relativement méconnu en France mais surnommé « Kral Burak » (le « Roi Burak ») dans son pays, où il est une immense star et a réalisé, en dehors d’une saison en Chine (Beijing Guoan, 2016-2017), l’intégralité de sa carrière avant de rejoindre ses compatriotes Zeki Çelic et Yusuf Yazici dans le Nord.
Il a joué et brillé dans les quatre plus grands clubs turcs
Il faut peut-être commencer par-là : s’il déchaîne autant les passions chez les supporters turcs, c’est notamment parce que Yilmaz a porté les couleurs des quatre plus grands clubs du championnat. Il y a eu les trois géants d’Istanbul, Besiktas (2006-2008, 2019-2020), Fenerbahçe (2008-2010) et Galatasaray (2012-2016), mais aussi Trabzonspor (2010-2012, 2017-2019). Avec un schéma qui se répète invariablement : Yilmaz débarque dans la défiance, voire l’hostilité, et finit par retourner l’opinion des fans à force de briller. Et comme à Lille, où il a déjà inscrit douze buts et délivré quatre passes décisives en vingt-huit matches, L1 et Ligue Europa confondues, « il commence fort partout où il passe », note Irak.
« En Turquie, les gens oublient tout quand vous marquez, et c’est encore plus vrai en sélection », observe le chercheur, qui décrit « une relation très utilitaire » entre les joueurs et les supporters. « Les fans de Besiktas, dont je fais partie, ne voulaient pas de lui au moment de son retour au club en 2019 car ils se souvenaient d’un match contre Galatasaray (3-3, le 26 août 2012) , où il jouait alors, au cours duquel il avait simulé pour obtenir un penalty (voir la vidéo ci-dessous) », enrage encore Bora Isyar, écrivain, chercheur et responsable de la version turque du magazine de foot The Blizzard.
« Dès que je vais marquer, tu vas voir, ils vont changer d’avis »
« C’est un joueur qu’on aime détester au début et, à la fin, on l’aime tout court, constate Aurélien Chedjou, qui a été son coéquipier à Galatasaray entre 2013 et 2016. Il est très souvent insulté pendant les échauffements, notamment quand il arrive dans un club, mais ça ne lui fait rien. Ça le fait même rire. Il connaît les supporters turcs. Il me disait : ‘’Dès que je vais marquer, tu vas voir, ils vont changer d’avis.’’ »
Ce vice et ce caractère bien trempé reviennent inlassablement, lorsqu’il s’agit de brosser son portrait. « Il est malin, capable d’obtenir des fautes », remarque Guy Stéphan, qui a été l’adjoint de Jean Tigana à Besiktas (2005-2007) au moment où Yilmaz était encore « un jeune joueur qui adorait travailler, au gros potentiel, mais pas encore le leader qu’il est devenu par la suite ».
« Truqueur ? Ce n’est pas loin de ça. Je valide », rigole l’actuel second de Didier Deschamps en équipe de France. « Il est l’un des plus gros tricheurs que l’on a jamais vu dans le football turc », s’enflamme même Isyar, excédé par « son attitude enfantine quand il ne reçoit pas correctement un ballon » et sa tendance à être « constamment en position de hors-jeu malgré une condition physique optimale ».
« C’est un joueur assez complet, reprend Stéphan. Il aime la profondeur, sans pour autant être un sprinteur. Il est capable de garder les ballons dos au but. C’est un bagarreur dans le bon sens du terme, qui aime le contact, le duel, et un joueur adroit, généreux dans l’effort et très collectif. Quand on est défenseur en face de lui, on ne rigole pas. »
Le numéro deux des Bleus en sait quelque chose : Yilmaz a croisé deux fois le chemin des champions du monde, en 2019, lors des qualifications à l’Euro 2021. « Le match là -bas (défaite 2-0, le 8 juin) n’est pas ce qu’on a fait de mieux, concède Stéphan. J’avais parlé de lui à Didier (Deschamps) . Et il avait fait un bon match. C’est un joueur qu’il vaut mieux avoir avec soi. »
« Un personnage très clivant » en raison de son soutien à Erdogan
« Tout supporter turc a détesté Burak Yilmaz un jour », résume Antoine Michon, spécialiste du foot turc et président du think tank Sine qua non. Mais son comportement sur le terrain n’en est pas l’unique motif.
« La raison pour laquelle les gens ont une opinion si tranchée à son sujet est politique », considère Isyar, en référence à l’amitié revendiquée de Yilmaz pour le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, qu’il a publiquement soutenu lors du référendum de 2017 ayant abouti à une réforme de la constitution et, par ricochet, à un renforcement des pouvoirs du chef de l’État. Ce rapprochement n’est pas unique. Arda Turan, Emre Belözoglu, Selçuk Inan, Cenk Tosun ou Mesut Özil (milieu allemand d’origine turque), par exemple, se sont déjà affichés aux côtés d’Erdogan, qui sait se servir de l’image des footballeurs pour soigner la sienne.
« L’installation de son projet politique hégémonique passe par la mise en place d’une hégémonie culturelle, décrypte Irak, qui vient de publier un ouvrage analysant le rôle des supporters turcs dans les mouvements sociaux. Et le football, en tant que culture de masse, joue un très grand rôle en Turquie, comparable à celui qu’il joue au Brésil. Le problème d’Erdogan est que la culture du foot est très laïque en Turquie et très concentrée à Istanbul, une ville moderne, européenne, qui bascule de plus en plus dans l’opposition. La culture du foot dans cette ville, c’est la consommation d’alcool, un monde opposé à celui d’Erdogan. »
D’où « la frustration » du président turc, qui « voudrait dominer le monde du football mais n’y parvient pas, même à Basaksehir », dixit Irak, « le club conservateur qu’il utilise pour contester cette culture ». S’assurer le soutien d’un joueur comme Yilmaz serait donc un moyen pour le dirigeant turc de contourner « ce grand obstacle » qu’est le football dans son projet de « souveraineté culturelle ».
Conséquence : le joueur du Losc, comme son puissant ami, est devenu « un personnage très clivant », insiste Michon, que « 50 % des gens aiment et 50 % méprisent », précise Isyar. D’autant plus que Yilmaz évoque et met en scène spontanément cette relation. « Il avait laissé pousser sa barbe lorsqu’il est revenu à Trabzonspor, se souvient par exemple Michon. Il avait déclaré au magazine du club qu’Erdogan lui avait dit qu’elle lui allait très bien et qu’il ne fallait surtout pas qu’il la rase. »
Balotelli, Ibrahimovic et Yilmaz…
La vie privée de Yilmaz, père de deux filles, est d’ailleurs fréquemment l’objet de sujets dans les médias turcs : son vrai-faux divorce avec sa femme, une bagarre avec un chauffeur de bus, un accident de voiture en pleine nuit… « Quand il était en Chine, il avait mis une claque à un joueur au milieu d’un match », se remémore aussi Michon, qui estime que toutes ces raisons mises bout à bout font de Yilmaz un « vrai personnage public dans le pays » et « un bad boy du foot », « le Mario Balotelli turc en quelque sorte », ose Irak. La constance dans la performance en plus. « Hors du terrain, on pourrait le comparer à Zlatan (Ibrahimovic), complète Michon. Sauf que Zlatan n’est qu’un personnage, ce qui n’est pas le cas de Burak. »
Ceux qui le connaissent ou l’ont côtoyé retiennent, eux, le talent de cet attaquant de 1,88 m double champion de Turquie avec Galatasaray (2013 et 2015) et qui avait fini troisième meilleur réalisateur de la Ligue des champions en 2012-2013 (8 buts), derrière Cristiano Ronaldo (12) et Robert Lewandowsi (10). Christophe Galtier, l’entraîneur de Lille, par exemple, qui l’avait qualifié de « professionnel exemplaire » et de « locomotive » pour son groupe. Chedjou, aussi, qui garde le souvenir d’un « leader de vestiaire » doublé d’un joueur « proche de ses coéquipiers ».
« Certains veulent des photos, d’autres l’insultent »
« Quand je venais d’arriver à Galatasaray, il m’avait demandé si j’avais besoin de quelque chose pour ma famille », témoigne l’ancien défenseur du Losc (2008-2013), encore impressionné par l’aura de Yilmaz en Turquie. « Dès qu’il est reconnu, il provoque une émeute, s’amuse-t-il. Certains veulent des photos. D’autres l’insultent. Un jour, je voulais manger dans un restaurant très coté à Istanbul, où tout le gotha de la population turque va le week-end : chanteurs, politiciens, etc. Je galérais à trouver une table. J’ai appelé Burak, il m’a débloqué ça en cinq minutes. »
Célébrité absolue en Turquie, où il était « comme un gros poisson dans une petite mare », selon Isyar, Yilmaz a attendu d’avoir 35 ans pour jouer dans l’un des cinq grands championnats européens. Ce qui ne veut pas dire que ses faits et gestes sont moins scrutés. Au contraire. « Les joueurs turcs évoluant à l’étranger sont particulièrement regardés », affirme Irak. D’où la popularité grandissante, dans le pays, d’une équipe de Lille notamment portée par le trio Yilmaz – Yazici – Çelik.
« Briller en Europe a toujours été vu comme une fierté nationale, un message que l’on fait passer, notamment dans le cadre de l’adhésion à l’Union européenne », souligne Michon. À tel point que cet exil tardif pourrait modifier le rapport si particulier entre Yilmaz et le public turc. « Le fait qu’il joue en France est une bonne chose pour sa relation avec les supporters, pense Irak. Il peut participer à ce sentiment de fierté nationale sans créer de controverse. Qui sait, peut-être même qu’il va devenir très populaire. »
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