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Le Monde, le 11/12/2018
Par Nicolas Bourcier
Selon une enquête menée par neuf médias européens, dont « Le Monde », les services secrets turcs ont organisé, depuis la tentative de coup d’Etat, un système de détentions arbitraires et de tortures de gülénistes dans des prisons secrètes.
La purge engagée par le président turc Recep Tayyip Erdogan contre le mouvement islamiste du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’avoir fomenté le putsch raté du 15 juillet 2016, ne faiblit pas. De nouveaux coups de filet sont annoncés chaque semaine. « Nous allons continuer notre lutte aussi longtemps qu’il le faudra, jusqu’à ce que nous les ayons entièrement effacés de la carte », a répété récemment le numéro un turc alors qu’il s’adressait au groupe parlementaire de son Parti de la justice et du développement (AKP).
Le soulèvement d’une partie de l’armée contre le pouvoir civil, survenu dans la nuit du vendredi 15 au samedi 16 juillet au prix de 250 morts et de 1 500 blessés, a bouleversé en profondeur la Turquie. Désignés comme étant ses instigateurs, ce qu’ils nient, les adeptes du mouvement du prédicateur Gülen sont poursuivis sans relâche tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Depuis le coup d’Etat raté, 217 971 personnes soupçonnées d’appartenance au mouvement ont été interpellées, plus de 50 000 ont été condamnées, dont une majorité de gülénistes.Les universités, les écoles, les associations liées au prédicateur ont été fermées, de nombreuses entreprises liées au mouvement, d’une valeur totale de 15 milliards de dollars (13 milliards d’euros), ont été saisies par l’Etat.
Ankara a également réussi à contraindre au moins vingt pays pour qu’ils ferment ou transfèrent à de nouveaux propriétaires des centaines d’écoles du mouvement Gülen. A son apogée, lorsqu’il était encore l’allié du numéro un turc, le prédicateur était à la tête d’un réseau de 2 000 écoles de bon niveau réparties dans 160 pays à travers le monde, de l’Afghanistan aux Etats-Unis, en passant par l’Asie centrale et les Balkans.
Le président Erdogan n’a de cesse de poursuivre le mouvement de sa vindicte. Ces deux dernières années, Ankara a littéralement noyé Interpol sous les demandes de poursuites à l’endroit de présumés gülénistes, mais aussi contre des opposants politiques réfugiés en Europe. Réclamée à la justice américaine, l’extradition du « Hoca » (le « maître » Fethullah Gülen selon ses adeptes) qui, depuis 1999, gère les affaires de la confrérie depuis sa résidence en Pennsylvanie (Etats-Unis), a été refusée, faute de preuves suffisantes.
Torture « systématique »
« Aucun Etat n’a répondu positivement à nos demandes d’extradition des membres du réseau terroriste Gülen. Ni les Etats-Unis, ni la Grande-Bretagne, ni l’Allemagne n’ont accédé à nos requêtes », a reconnu Andulhamit Gül, le ministre turc de la justice, dimanche 9 décembre. Incapable de prouver le bien-fondé de sa chasse aux sorcières, Ankara a opté pour la force, multipliant les enlèvements, les intimidations, les pressions diplomatiques.
Selon une enquête menée par neuf médias internationaux, dont Le Monde, coordonnée par le site d’investigation Correctiv, les services secrets du MIT (Milli Istihbarat Teskilati, l’Organisation nationale du renseignement turc) ont organisé, ces deux dernières années, un véritable système d’enlèvements, de détentions arbitraires et de tortures de gülénistes dans des prisons secrètes, des « sites noirs », en Turquie.
Pour la première fois, deux hommes, qui ne se connaissent pas, tous deux membres de la confrérie güléniste, livrent un témoignage précis des tortures subies pendant plusieurs mois au cœur même de la Turquie. Les détails des sévices sont invérifiables. Ils n’en demeurent pas moins crédibles, en premier lieu parce que les méthodes appliquées par les différentes équipes de tortionnaires se ressemblent. En février le rapporteur spécial de l’ONU, Nils Melzer, s’était inquiété de la hausse des accusations de torture et du manque de réactions d’Ankara.
L’enquête montre comment les autorités turques ont arrêté, enlevé ou transféré plus de 200 ressortissants turcs installés dans une vingtaine de pays dans le monde. Certains avaient obtenu la protection de l’ONU en tant que demandeurs d’asile.
Des disparitions ont été recensées. Selon le Centre de Stockholm pour la liberté, un groupe de journalistes en exil originaires de Turquie, une vingtaine de personnes ont disparu rien que sur le sol turc. Öztürk Türkdogan, le président de l’association turque des droits de l’homme (IHD), a évoqué, lui, près de 15 enlèvements. Selon Wenzel Michalski, directeur de Human Rights Allemagne, « nous devons partir du principe que la torture est dans ces cas systématique ».
Les autorités turques reconnaissent les enlèvements hors des frontières du pays. Depuis le putsch raté, le MIT a « emballé 80 gülénistes dans 18 pays différents pour les ramener en Turquie », a reconnu Bekir Bozdag, qui était alors le porte-parole du gouvernement, lors d’une interview à la chaîne Habertürk TV, le 5 avril. « Ce genre d’opération va se poursuivre à l’avenir », avait assuré pour sa part Hüseyin Aydin, l’avocat du président turc, quelques jours plus tôt.
Traque globale
La Turquie n’est pas la seule à poursuivre ses adversaires à l’étranger, et ce n’est pas la première fois qu’elle le fait. Mais cette traque globale, assortie d’un système bien rodé d’exfiltrations, de mises à l’isolement, de sévices destinés à produire des aveux est singulière par sa rapidité et sa brutalité.
Les Américains appelaient « extraordinary renditions » (transferts exceptionnels de détenus) leur programme secret concocté dans le cadre de leur guerre globale contre la terreur déclenchée par George W. Bush après le 11 septembre 2001. L’Agence centrale de renseignement (CIA) a kidnappé à travers le monde des personnes suspectées d’être des terroristes. Elle les a transférés secrètement en avion vers des endroits éloignés pour les y enfermer, des « sites noirs », où la torture était pratiquée, dans plusieurs pays en dehors des Etats-Unis.
Notre enquête démontre que la Turquie a mis en place un programme similaire d’enlèvements. A trois différences près : le MIT ne kidnappe pas uniquement les Turcs en dehors de la Turquie. Les victimes sont des ressortissants turcs. Et les autorités n’ont pas besoin de les envoyer à l’autre bout du monde.
Fort de sa puissance financière et son entregent, le mouvement Gülen a étendu ses ramifications à la diaspora turque. C’est ce qui explique pour Ankara cette traque globale.
La dimension multinationale du mouvement a longtemps servi de tremplin aux officiels de l’AKP, hommes d’affaires ou même diplomates, qui, en visite à l’étranger, ne manquaient pas de confier leur agenda à Tukson, l’association des hommes d’affaires liée à l’imam Gülen, connue pour son carnet d’adresses bien rempli.
A l’époque, le mouvement Gülen marchait main dans la main avec les islamoconservateurs de l’AKP. Une alliance forgée dès l’arrivée de Recep Tayyip Erdogan au pouvoir, en 2003. Puissants financièrement, établis à l’étranger, bien éduqués grâce à leurs écoles de bon niveau, les gülénistes ont longtemps constitué une vaste réserve de cadres pour le parti dirigeant.
Ses adeptes, des conservateurs pieux, votaient en bloc pour l’AKP. Petit à petit, avec le plein accord des autorités, le mouvement a infiltré toutes les strates de l’administration (police, justice, éducation, armée). Erdogan l’a reconnu, trois semaines après le putsch raté. « Que ne leur a-t-on pas donné ! J’ai aidé cette structure, comme d’autres, pensant que nous aurions pu converger vers un dénominateur commun minimum, même si de nombreux aspects chez eux ne me convenaient pas. »
Du statut d’allié à celui de bête noire
Au plus fort de leur idylle, Gülen a rendu un grand service à Erdogan en l’aidant à se débarrasser de la tutelle envahissante de l’armée. Sur ce point, les deux hommes sont tombés d’accord pour faire rentrer les militaires au plus vite dans leurs casernes. Leur désir de revanche était fort sur cette élite à épaulettes qui s’était opposée jadis à l’avènement de l’islam politique en Turquie.
Entre 2007 et 2013, une purge est déclenchée contre les militaires. Des procès retentissants se succèdent. D’éminents généraux, des avocats, des journalistes, des caïds sont condamnés à de lourdes peines de prison pour tentative de coup d’Etat. Les dossiers sont instruits par des magistrats gülénistes, les audiences sont relayées par les médias du prédicateur. Or, très vite, les procès se dégonflent. Il s’avère notamment que les dossiers d’accusation ont été fabriqués de toutes pièces par des policiers et des magistrats au service du mouvement.
Ankara reste sourd à ces révélations jusqu’à ce que les procureurs gülénistes dirigent leurs enquêtes vers l’entourage de M. Erdogan, lui-même, révélant, en décembre 2013, un scandale de corruption au sein du gouvernement islamoconservateur.
Il faudra attendre le 20 mars 2015 pour que le président dénonce son alliance avec Gülen. « Moi, et le pays tout entier, avons été bernés. Toute cette affaire n’était qu’un complot orchestré par une organisation avide de mettre la main sur la Turquie grâce à ses réseaux au sein des institutions étatiques et des médias », confie alors M. Erdogan, en visite à l’académie militaire d’Istanbul. Dans la foulée, la Haute Cour d’appel annule les 500 condamnations des grands procès, reconnaissant que les preuves avaient bien été fabriquées.
Passé du statut d’allié à celui de bête noire, l’imam Fethullah Gülen est actuellement décrit par les officiels turcs comme le chef de file d’un « Etat parallèle » aux ramifications internationales, un ordre fanatique dont les adeptes sont soumis aux injonctions de leur chef spirituel. Considérés comme seuls responsables du putsch, ils sont impitoyablement traqués, souvent emprisonnés et torturés.
Sollicité, le gouvernement turc n’a pas répondu à nos questions dans le cadre de l’enquête, #blacksitesturkey. Dans le passé, des membres du gouvernement ont à plusieurs reprises nié les allégations de torture. Peu après le coup d’Etat, le président Erdogan avait affirmé : « Ils disent que nous torturons. Nous avons une tolérance zéro en matière de torture. »
#blacksitesturkey
Pour la première fois, deux membres de la confrérie de Fethullah Gülen, enlevés et transférés dans des prisons secrètes en Turquie, témoignent séparément des tortures subies. Ils ont obtenu un statut de réfugié en Europe.
L’opération est une enquête réalisée par neuf médias internationaux coordonée par le site d’investigations Correctiv. Les partenaires sont : Le Monde, El Pais (Espagne), Haaretz(Israël), Il Fatto Quotidiano (Italie), Addendum (Autriche), TT News Agency (Suède), Mandag Morgen (Danemark).
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