La direction de l’école Sciences Politique de Toulouse a publié un communiqué, jeudi 9 février, dans lequel elle affirme son soutien au professeur Ibrahim Kaboglu, enseignant en droit public. Cet éminent juriste a été licencié par le gouvernement turc suite à un décret du 7 février, comme 329 autres universitaires.
Souvent de passage en France pour y donner des cours, notamment régulièrement à la Sorbonne mais aussi à Sciences Po Toulouse, l’école a condamné ce licenciement autoritaire au mépris de la liberté d’expression.
Retrait de passeport
Sciences Po Toulouse s’élève contre cette manifestation d’autorité qui frappe et atteint l’ensemble de la communauté universitaire. Sciences Po Toulouse considère qu’il est nécessaire de réaffirmer le respect de la liberté d’expression, notamment académique, indique la direction dans son communiqué.
Depuis de nombreux mois le gouvernement turc a engagé une véritable purge de ses opposants politiques. Le professeur Kaboglu, référent en matière de droit constitutionnel et de droits de l’homme, ainsi que ses 329 collègues, perdent désormais le droit d’enseigner mais aussi leur ancienneté et leur droit de retraite. Menacés et en danger dans leur pays, nombreux sont ceux qui s’exilent.
Le professeur Kadoglu devait venir en France à Paris comme professeur invité, mais le retrait de son passeport et le décret lui interdisent de sortir du territoire, commente Delphine Espagno, maître de conférence en droit public à l’IEP. Il est à la fois très triste et très en colère mais il ne se laisse pas faire. C’est une personne habituée à livrer des combats difficiles et un très grand juriste et humaniste qui se défendra autant qu’il le peut.
L’institut pourrait accueillir des exilés
En janvier 2017, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche a lancé un programme d’aide à l’accueil en urgence des scientifiques exilés (PAUSE) pour les établissements.
La question est de savoir si on peut faire quelque chose pour ces enseignants exilés, explique Olivier Brossard, directeur de Sciences Po Toulouse. Nous avons déjà été contacté par des universitaires turcs à la recherche de travail. Nous ne pouvons pas leur donner de poste comme ça. Nous allons peut-être donner la priorité aux professeurs turcs dans notre support d’enseignants invités cette année…
La mise en place du programme PAUSE et ses applications concrètes restent encore flous et l’équipe de l’institut toulousain réfléchit encore à une possible mise en oeuvre.