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Le Parisien, le 16/02/2021
Par Robin Korda, envoyé spécial à Strasbourg (Bas-Rhin)
Les députés votent ce mardi en première lecture le projet de loi contre le «séparatisme» islamiste. A Strasbourg, deux institutions particulièrement opaques, le Ditib et le Milli Görüs, servent de relais au pouvoir turc.
Sur cette longue avenue plongée dans la grisaille de l’hiver alsacien, les vitrines attrapent le regard. Des robes traditionnelles pleines de couleur avoisinent un salon pour hommes décrépi. A l’intérieur, le coiffeur parfait la barbe finement taillée de son client. Non loin, des étals regorgent de bocaux de tomates séchées à l’huile, de feuilles de vigne et de petites saucisses de dinde.
Dans le quartier de Koenigshoffen, à l’ouest de l’agglomération strasbourgeoise, qui compte près de 30 000 habitants originaires d’Anatolie, on marchande principalement en turc. Cette communauté évolue souvent en vase clos entre une myriade d’établissements, d’associations et de médias turcophones. « Un dicton populaire dit : le Turc n’a pas d’autre ami que le Turc, regrette Hulliya Turan, adjointe à la mairie, elle-même d’origine kurde. C’est très ancré dans les mentalités. »
Le plus grand consulat turc d’Europe
Certains de ces lieux communautaires sont directement liés au régime du président Recep Tayyip Erdogan, qui couvre la cité alsacienne d’attentions. Mi-2019, le plus grand bâtiment diplomatique turc dans le monde a été inauguré au bord du bassin de l’Ill, à deux pas du Conseil de l’Europe. Côté canal, les promeneurs ne distinguent pas le drapeau rouge de la Turquie. Pourtant, le consulat est monumental : 8900 m2 et cinq bâtiments en grès rose des Vosges et carreaux d’Iznik.
D’autres institutions sont encore plus opaques, comme le Ditib, une organisation affiliée au ministère turc des Affaires religieuses. Derrière la caisse d’une boucherie turque, Hamza, 23 ans, fréquente parfois les mosquées Ditib. Elles sont au nombre de 270 en France, dont 73 dans le Grand-Est, et les imams y sont envoyés et payés par Ankara. « Elles sont peut-être plus proches de la Turquie que les autres, mais j’ai l’impression qu’elles restent quand même indépendantes », imagine le jeune homme.
Le gouvernement français, lui, a une lecture bien différente. « De quel droit M. Erdogan s’occupe de notre pays ? s’agaçait récemment le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, invité de la matinale de France Inter. Vous savez pourquoi : (…) en partie pour gérer leur diaspora. Parce qu’à travers la religion, c’est de la politique. »
Depuis 2014, les Turcs de l’étranger ont en effet le droit de participer aux élections dans leur pays d’origine. Et Recep Tayyip Erdogan y récolte près des deux tiers des suffrages, bien plus qu’à l’intérieur du pays. Surtout, ces électeurs de la diaspora sont autant d’agents mobilisables prêts à s’éveiller sur des sujets brûlants comme la reconnaissance du génocide arménien.
Ditib dispose d’un centre de formation d’imams et d’un collège-lycée
A la tête du département d’études turques de l’université de Strasbourg, Samim Aknögul date ce basculement à l’arrivée de l’AKP au pouvoir. « Avant, le discours officiel vis-à -vis de la diaspora demandait de ne pas s’occuper des affaires des autres pays, retrace-t-il. Désormais, au contraire, il s’agit de constituer des lobbys, des sentinelles, des ambassadeurs. »
Pour ces agents d’influence, Strasbourg fait figure d’avant-poste. Dans le quartier de Hautepierre, Ditib dispose de l’immense complexe de béton d’un ancien centre de formation de La Poste, racheté 15 millions d’euros en 2011. L’organisme abrite là une mosquée, une académie destinée à former les imams qu’il envoie dans toute l’Europe ainsi qu’un petit collège-lycée. Cet établissement hors contrat vante le respect des traditions religieuses, l’apprentissage des langues, notamment l’arabe et le turc, et les cours de théologie qu’il dispense à raison de trois heures par semaine. Tous les ans, 25 élèves y passent le bac. Et les lycéens des deux dernières promotions ont tous décroché leur diplôme. « Nous visons l’excellence », sourit Murat Ercan, l’un des cadres du projet.
L’homme, qui nous reçoit dans un vaste bureau au premier étage, présente bien. En bas, des enfants, dont plusieurs petites filles voilées, courent en cercle sur un parking transformé en cour de récréation, joyeuses et insouciantes. En costume impeccable, l’ancien expert-comptable de 51 ans écarte d’emblée tous les « procès d’intention » politiques et médiatiques dont l’institution ferait l’objet.
La direction du réseau est directement nommée par le pouvoir ; lui réfute tout lien d’allégeance. « Quand on est à l’intérieur, on en rigole », balaye-t-il. Les prêches du vendredi, dictés depuis Ankara ? De simples « éléments de langage », jure-t-il, destinés à empêcher les « dérapages individuels ». Pas de politique, alors, dans ces lieux de culte ? « La ligne n’est pas toujours très nette mais les sujets polémiques, problématiques, les imams ne les abordent quasiment jamais. »
Une rivalité avec le Milli Görüs
Lui-même, d’ailleurs, ne se hasarderait pas à commenter les récentes déclarations tonitruantes du président Erdogan contre Emmanuel Macron. « Notre place est de jouer un rôle de ciment entre les deux pays plutôt que de prendre parti, élude-t-il. Les déclarations des uns et des autres, cela nous dépasse. »
Propos mesurés, formules vagues, esquives fréquentes… Le même genre de discours résonne à quelques kilomètres de là , plus au sud, tout près du stade de la Meinau, l’antre du Racing Club de football. Dans une zone semi-industrielle, au milieu de concessionnaires et d’entrepôts de BTP, l’organisation Milli Görüs mène à Strasbourg un chantier pharaonique : celui de la plus grande mosquée d’Europe, destinée à accueillir 2500 fidèles dans un grand édifice de style ottoman, dont les deux minarets doivent culminer à 36 m de hauteur.
Ce mouvement conservateur islamiste, né en Turquie dans les années 1970, s’est exporté en Allemagne et en France, où il compte 70 mosquées. Ses liens avec le pouvoir sont ambigus. Recep Tayyip Erdogan en est lui-même issu. Et comme Ditib, Milli Görüs, également membre du CFCM (Conseil français du culte musulman), a refusé de signer la charte de l’islam de France censée prendre clairement position contre l’islam politique.
« J’ai grandi avec les lois divines, justifie Eyup Sahin, le président de sa branche alsacienne. Ces lois divines me demandent de respecter la République. Alors pourquoi me faire dire que les lois de la République seraient supérieures aux lois sacrées ? Ce sont deux choses incomparables. »
Le dirigeant assure également que son organisation, « apolitique », ne prend pas ses directives d’Ankara. Mais certains indices restent troublants. Alors qu’elle avait présenté son propre candidat à des élections face au parti présidentiel d’Erdogan, le projet de mosquée avait subi un brutal coup d’arrêt par manque de financement. Ces jours-ci, de nouvelles équipes s’affairent sur le chantier et la fin du gros Å“uvre, dit-on, est prévue d’ici 12 à 15 mois. Les responsables, eux, assurent ne fonctionner que sur la base de dons privés.
Un climat de ambiance de méfiance généralisée
Ainsi la communauté turcophone de Strasbourg vit-elle au rythme d’Ankara et de ses soubresauts, dans un insaisissable mouvement de va-et-vient entre la France et la Turquie. « Quand j’entre dans certains cafés, je remarque que toutes les conversations s’arrêtent », constate Ahmet Dere, rédacteur en chef d’Avantaj Post, un mensuel pro-kurde.
Dans cette ambiance de méfiance généralisée, ce réfugié politique de 50 ans soupçonne l’association culturelle du coin d’héberger une mosquée clandestine des Loups Gris, un groupuscule ultranationaliste dissous en fin d’année dernière. Des commerces de toutes couleurs politiques et confessionnelles se jouxtent et leurs clients, sagement, s’évitent en période de tensions. Ce qui n’empêche pas, parfois, quelques dérapages.
En 2018, une figure locale turque se retrouvait devant le tribunal de grande instance de Paris. Dans une vidéo en ligne, Ali Gedikoglu avait appelé à « éliminer » des intellectuels turcs de la région, qualifiés de « parasites ». Plaidant une mauvaise interprétation de ses propos, le prévenu avait fini par bénéficier d’un non-lieu.
La presse strasbourgeoise qualifiait alors unanimement cet homme installé en France depuis 1983 de chef de file des réseaux pro-Erdogan en France. Sous couvert d’Å“uvrer pour les droits de l’homme, son association, le Conseil pour la justice, l’égalité et la paix (Cojep), est inscrite au Conseil de l’Europe, où sont représentés 47 Etats, dont la Turquie.
Tout près du Ditib, ses locaux strasbourgeois partagent l’adresse du Parti Egalité et Justice. Ce lointain cousin du parti présidentiel turc a présenté quelques dizaines de candidats islamo-conservateurs aux dernières élections départementales et législatives en France, avant d’échouer à constituer une liste nationale aux Européennes de 2019.
Et ces tensions remontent parfois jusqu’au sein du conseil municipal. Un des anciens porte-parole du Cojep, Saban Kiper, a un temps été l’adjoint du socialiste Roland Ries, ex-maire de Strasbourg. Aujourd’hui en poste chez Ditib, il avait été écarté de l’équipe municipale en 2014 après avoir bruyamment protesté contre une autre élue d’origine turque de la ville, coupable d’avoir montré son soutien à la contestation populaire en Anatolie. Assaillie de reproches par les milieux conservateurs, cette femme a, depuis, quitté la politique.
Mise en garde contre «l’angélisme imbécile»
Selon le nouvel adjoint aux cultes, ce temps appartiendrait au passé. Jean Werlen loue volontiers la « position extrêmement citoyenne » de ses interlocuteurs. « Je pense que la communauté a parfois l’habileté de limiter l’exposition des plus énervés, tempère-t-il. Comme vous le savez, dans toute association, il y a toujours des branches un peu plus réticentes, dont la recherche d’identité dérape parfois un peu. »
Dans le cinéma historique de la capitale alsacienne, L’Odyssée, Faruk Günaltay met en garde contre « l’angélisme imbécile » qui consisterait à « croire aux grandes déclarations d’intention des agents d’influence d’Erdogan ». Ce septuagénaire imposant, sans masque pour mieux apprécier un énorme cigare, appartient à la vieille génération turque de gauche. Ses positions contre le régime lui ont déjà valu des ennuis jusque dans sa ville d’adoption.
Ainsi, en 2013, la projection d’un documentaire en faveur de grandes manifestations en Turquie avait dû se dérouler sous protection policière. En 2017, cet ancien fils de diplomate s’était retrouvé filmé et invectivé à la terrasse du Café Brandt aux côtés du documentariste en exil Can Dündar, ciblé par les soutiens d’Erdogan. Tournée par un inconnu, la vidéo s’était retrouvée sur les chaînes officielles turques en l’espace de quelques minutes. Preuve que de Strasbourg à Ankara, les messages savent trouver leur chemin.
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