RFI, le 01/04/2017
Revue de presse française Podcast
La Turquie pourchasserait les militants de Fethullah Gülen à travers le monde. C’est ce que révèle le réseau de journaux européens EIC, parmi lesquels, en France, Mediapart. Ce site d’informations en ligne lève le voile sur « des dizaines de rapports confidentiels ». Lesquels, selon ce site Internet, « démontrent que les responsables religieux et les diplomates turcs ont espionné dans le monde entier les sympathisants supposés de la confrérie Gülen, accusée par le président Erdogan d’avoir fomenté le coup d’État manqué de juillet 2016. Au moins trente-huit pays sont concernés, dont la moitié des États de l’Union européenne ». Une « surveillance clandestine de la diaspora turque, entamée fin septembre 2016 », précise Mediapart.
En Mauritanie – et ça n’est qu’un exemple – l’ambassade de Turquie s’est montrée particulièrement zélée. Après avoir détaillé les structures de la confrérie dans le pays, le rapport prévient le siège des affaires religieuses en Turquie « qu’il y a des rumeurs selon lesquelles la structure est particulièrement puissante au Sénégal, le pays le plus important d’Afrique de l’Ouest ». Dès lors, les diplomates « recommandent » que la présidence des affaires religieuses « se concentre particulièrement sur le Sénégal et y nomme rapidement un conseiller pour les affaires religieuses » afin d’y surveiller les gülénistes, énonce Mediapart.
Ankara avait du reste demandé à l’Allemagne de l’aider à espionner 300 personnes et organisations à travers l’Allemagne jugées proches du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, confirme l’AFP.
En Allemagne, justement, le journal Süddeutsche Zeitung et les chaînes de télévision publique régionales NDR et WDR ont annoncé que le Parquet fédéral avait ouvert le 13 mars une enquête contre Halife Keskin, patron de la section Relations étrangères de la Direction des Affaires religieuses en Turquie (Diyanet), qui dépend des services du Premier ministre turc.
Selon les trois médias, la justice allemande le soupçonne d’avoir demandé à des membres de Diyanet basés à l’étranger, notamment à des imams en Allemagne, de rassembler des informations sur les personnes jugées proches du mouvement Gülen.
L’hebdomadaire allemand Der Spiegel affirme également que Diyanet a demandé aux ambassades et aux consulats turcs « dans 35 pays » de rassembler des informations sur les partisans de M. Gülen. Der Spiegel cite ainsi des pays comme « la Mauritanie, la Mongolie, le Nigeria ou l’Australie ».
Dans des documents envoyés à Ankara, les représentations diplomatiques turques ont ainsi détaillé par le menu « les activités d’écoles, d’associations ou de médias supposées proches de Gülen ». Ils ont également dressé des listes nominatives de ses présumés soutiens, écrit Der Spiegel.
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