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Patrick Forestier
Paris Match – 16/10/2014
Ce sont des femmes qui portent le cercueil en bois clair où repose, enroulé dans le drapeau kurde jaune, rouge et vert, le corps de Fatma Seehesen. Les hommes, eux, emmènent vers sa dernière demeure le cadavre brûlé par l’explosion d’un obus de son camarade Ahmed Mücachit, mort comme elle au combat, à 7 kilomètres d’ici, dans la ville frontière de Kobané, où résistait encore, le 13 octobre, face aux féroces djihadistes du groupe Etat islamique, un dernier carré de combattants kurdes du PYD, les unités de protection du peuple composées de 40 % de femmes qui montent en première ligne comme les hommes. Toutes sont prêtes au sacrifice suprême. Début octobre, une combattante tombée entre les mains des islamistes a été décapitée. Une autre, Dilar Gencxemis, connue sous le nom de guerre d’Arin Mirkan, à court de munitions, a dégoupillé sa dernière grenade au milieu des islamistes qui allaient la capturer, sachant ce qu’elle risquait : le viol et la décapitation. « Ces combattantes sont des exemples. Elles représentent la lutte pour les droits de l’homme, mais surtout elles se battent pour nous toutes. J’en suis fière pour la cause des femmes », m’a dit la veille la responsable du Parti pour la paix et la démocratie, en charge des milliers de réfugiés qui occupent les terrains vagues de Suruç. Afin de mettre en rage les illuminés sanguinaires de Daech et parce qu’elles ne reculent, dit-on, jamais sous le feu, c’est une femme, Mayssa Abdo, alias Nalin Afrin, du nom de sa région natale, qui commande désormais les unités de protection du peuple, au côté de Mahmoud Barkhodan, « le résistant » en français, qui se bat comme un lion pour garder Kobané.
Foulard sur la tête ou cheveux au vent, les femmes kurdes posent maintenant le cercueil ouvert sur la terre sèche du petit cimetière de Suruç, dernière bourgade turque avant la frontière syrienne. Comme le veut la tradition musulmane, le corps est placé à même la terre, près du carré des hommes marqué par une vingtaine de pierres plates, plantées droites dans le sol, où est écrit à la peinture rouge le nom du défunt. Visages fermés barrés d’une moustache, les militants aux larges épaules regardent les ouvriers enfouir leurs deux camarades avec une pelle. Le travail à peine terminé, ils entonnent le chant de marche de la guérilla kurde en levant le bras, deux doigts tendus en signe de victoire pour rendre hommage « à ces résistants qui sont restés debout pour donner naissance au Kurdistan ». « Des murs des prisons aux sommets des montagnes, poursuivent-ils en chœur d’une voix sourde, ils ont érigé des drapeaux rouges. La vie, c’est résister. La route est claire et elle le devient davantage avec le sang de nos pertes. »
Devant la tombe de Fatma, les femmes vêtues de leurs robes traditionnelles ne sont pas en reste. « Longue vie à la résistance ! Le Kurdistan deviendra la tombe de l’Etat islamique ! Nos martyrs sont immortels ! » Suit une minute de silence. Les rebelles kurdes de Syrie, disciplinés, fortement politisés par un socialisme révolutionnaire, n’appuient pas leur lutte sur la religion. Ils sont soutenus par le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan, et sa branche armée implantée parmi les 15 millions de Kurdes de Turquie. Ses militants idolâtrent leur chef, « Apo » Ochalan, emprisonné sur une île turque depuis 1999. Un conflit pour l’autonomie qui a fait 40 000 morts depuis les années 1970. Dans les deux partis frères, les femmes sont les égales des hommes, y compris au combat. « Les rues de Kobané sont jonchées de cadavres, dit l’une de celles qui portaient la dépouille de Fatma. Les Turcs ferment la frontière et nous empêchent de les évacuer. Pour les blessés, c’est la même chose. Les autorités turques refusent. »
Le conflit pour l’autonomie kurde a fait 40 000 morts depuis les années 1970
Dans la cour de l’hôpital de la ville, les médecins attendent les ambulances, les mains dans les poches. « On traite essentiellement des plaies par balles et par éclats d’obus. Mais, depuis hier, 17 heures, plus personne n’arrive », me dit un chirurgien dépêché en renfort depuis Sanliurfa, à une trentaine de kilomètres. Dans ce qu’on peut appeler des postes de santé plutôt que des hôpitaux, les médecins essaient de maintenir en vie les blessés kurdes. Le plus important est collé sur la frontière, dernier passage vers la Turquie. Un autre est plus en avant dans la ville. Une cave ou un appartement, derrière la ligne de front qui bouge sans cesse sous les coups de boutoir des fous d’Allah. Tous ont fait acte d’allégeance à leur émir qui ambitionne d’annexer, avec Kobané, de nouveaux territoires au califat qu’il a proclamé l’été dernier, à cheval sur l’Irak et la Syrie. « On manque de tout, en particulier de morphine », dit au téléphone depuis la ville un docteur kurde, qui ne peut donc soulager les souffrances des blessés graves qui, chaque jour, lui sont amenés dans un triste état. « Le plus difficile, c’est quand il faut déguerpir sur-le-champ, si l’on ne veut pas tomber entre les mains des djihadistes. Les blessés ne survivent pas tous à ces transferts précipités. Ils meurent pendant le trajet », raconte le courageux médecin qui, la veille, malgré le danger, a traversé la frontière pour porter secours à ses compatriotes jusque dans la gueule du loup. « Leur tactique, c’est la cruauté, qui fait fuir les populations. On sait tous les massacres qu’ils ont commis », me dit Baikri, réfugié avec sa femme et ses dix enfants, dont trois filles, dans un camp de tentes en face d’un poste à essence. « A leur arrivée dans les villages qui jouxtent Kobané, ils circulaient dans leurs pick-up avec un mégaphone en criant que les Kurdes sont originellement des chrétiens, des juifs et des pro-Américains. “Il faut tous les tuer, ils ne sont pas musulmans !” hurlaient-ils. Alors, nous avons fui en laissant tout.
La frontière syrienne se situe après Suruç. La route traverse une plaine labourée. A 1 kilomètre du poste frontière, des gendarmes stoppent les voitures. De part et d’autre de la chaussée, des soldats casqués sont blottis dans des trous, près de leurs transports de troupes blindés, pour se protéger des obus de mortier qui tombent de temps en temps. Pour voir Kobané, il faut gravir les collines qui dominent la ville. Sur les crêtes, l’armée turque a déployé des escadrons de chars qui pointent leurs canons vers la Syrie. En bas, la bataille fait rage. Les islamistes ont pris l’est de la cité. Ils ont planté leur drapeau noir sur un mamelon et assiègent sur trois côtés cette agglomération d’une cinquantaine de milliers d’habitants. Resteraient à l’intérieur sept cents personnes qui, âgées, se terrent chez elles et, selon les forces kurdes, dix mille autres qui se seraient entassés contre la frontière. Des armes automatiques crépitent dans les quartiers ouest, d’où montent trois colonnes de fumée grise. Le staccato plus « gras » d’une mitrailleuse qui tire des rafales courtes couvre le bruit des fusils d’assaut. Soudain, une explosion sourde, suivie d’une autre et d’une épaisse fumée noire qui monte dans le ciel. « C’est un camion chargé de munitions de Daech qui vient d’exploser sous le coup d’une roquette de RPG-7 », m’assure un Kurde pendu à son téléphone portable depuis vingt minutes. « C’est mon frère qui vient de me l’annoncer. Il est dans le groupe qui a fait le coup », me dit l’inconnu avec un sourire de satisfaction. Un bruit me fait lever la tête. J’ai beau scruter les nuages fins qui cachent parfois le soleil, je n’arrive pas à voir le chasseur de la coalition qui tourne au-dessus de nous.
Erdogan ménage son opinion, surtout sunnite, comme les djihadistes de Daech
Il doit voler au minimum à 3 500 mètres pour ne pas être la cible des missiles sol-air portatifs ou des canons de 23 millimètres à tir rapide, récupérés par les islamistes dans les stocks des armées syrienne et irakienne. Pendant une dizaine de minutes, le temps semble suspendu au bruit des réacteurs de cet avion fantôme. Soudain, une énorme déflagration fait trembler le sol. Un champignon de fumée grise s’élève devant nous, provoquant les applaudissements des quelques Kurdes qui m’entourent. « Ce n’est pas assez, se plaint l’un d’eux. Il faut que les Américains soient plus offensifs ! Sinon, nos camarades ne pourront pas tenir contre Daech. » Les bombardements sont rares pour desserrer l’étau des troupes islamistes : leur imbrication dans la ville limite les frappes, qui pourraient tuer des Kurdes. Ceux-ci sont pourtant prêts à prendre le risque et demandent que les autorités turques laissent passer des renforts et des munitions. Par peur qu’ils soient capturés et décapités, les alliés hésitent à envoyer des commandos spécialistes du guidage au sol qui pourraient désigner des objectifs au mètre près. Les Kurdes pourraient déjà, avec leurs portables, indiquer les cibles prioritaires. Formée aux procédures de l’Otan, l’armée turque, soutenue par des Américains si nécessaire, serait capable d’effectuer ce travail pour que le soutien air-sol des avions soit plus efficace. « Un représentant des Nations unies en Turquie vient de m’avertir d’un bombardement sur la route d’Alep. Ce sera le dernier de la journée. Je vais maintenant rejoindre mes hommes à Kobané », assure un responsable kurde à mon interprète. Il y aurait donc, par le biais de l’Onu, des échanges, sinon une coordination, entre la coalition et les insurgés kurdes, dont certains figurent sur la liste noire américaine et européenne des mouvements terroristes. « Le problème, pour les généraux turcs, c’est de combattre du jour au lendemain aux côtés des rebelles du PKK, qu’ils traquent depuis plus d’un quart de siècle. Pour les militaires, c’est inimaginable », m’affirme un professeur kurde. Quant au président islamo-conservateur Erdogan, il ménage son opinion majoritairement sunnite, comme les djihadistes de Daech, avec qui il entretient des relations ambiguës. Il ne veut pas entrer en conflit avec eux s’il arrive à contrôler la frontière. Pour lui, mieux vaut Daech qu’une région autonome kurde en Syrie, qui pourrait s’élargir au Kurdistan turc. Un calcul qui peut vite se révéler erroné au moment où Abou Bakr al-Baghdadi, chef de Daech, cherche à étendre le califat à toute la communauté sunnite, à travers la Turquie, jusqu’à la partie occidentale du détroit du Bosphore. Là commence l’Europe qui, dans ce cas, se retrouverait nez à nez avec les djihadistes les plus fanatiques et cruels que l’Histoire ait jamais connus.
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