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Le Monde, le 28/03/2019
Marie Jégo (Istanbul, correspondante)
Le régime du président Erdogan emprisonne intellectuels et journalistes ? Dans l’ancienne capitale ottomane, les auteurs incarcérés pour leurs écrits dans les années 1930 et 1940 sont lus chaque jour sur la place de la mairie de Nilufer.
LETTRE D’ISTANBUL
Par n’importe quel temps, le rituel est immuable à Bursa, l’ancienne capitale ottomane, située à deux heures d’Istanbul par ferry. Chaque jour, à 14 heures tapantes, un poème est lu à haute voix sur la place de la mairie de Nilufer, un arrondissement périphérique de la quatrième ville de Turquie, véritable carrefour industriel et commercial aux portes de la mer de Marmara.
Face à la mairie, une estrade métallique sophistiquée a été dressée tout spécialement pour que les vers de Nazim Hikmet, d’Orhan Kemal, de Sabahattin Ali et de bien d’autres poètes turcs soient déclamés avec la plus grande solennité. A quelques mètres de là , un buste de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République en 1923, semble veiller sur le bon déroulement de la récitation, tandis que les passants vont et viennent dans une relative indifférence. C’est le maire de l’arrondissement, Mustafa Bozbey, une figure du Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste), qui, féru de littérature et de poésie, a instauré ce rituel il y a quelques années.
En ce moment, l’édile n’a pas vraiment le temps de lire. Il est occupé à mener campagne pour les municipales du dimanche 31 mars, avec, dans son viseur, la « grande mairie » de Bursa, qu’il espère ravir à son concurrent, Alinur Aktas, le candidat du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002).
Humiliation et exil
Que Bursa rende hommage à Nazim Hikmet (1902-1963), le plus grand poète turc du XXe siècle, est dans l’ordre des choses, vu qu’il a séjourné dans l’ancienne capitale ottomane quelques années. « Il a passé pas mal de temps derrière les barreaux de la prison, ce qui ne l’a pas empêché d’aimer Bursa et de décrire sa forteresse dans ses poèmes », explique Mustafa Bozbey, qui ambitionne de créer un jour « un musée » à la mémoire de ce poète romantique et révolutionnaire, aujourd’hui révéré par de nombreux Turcs.
Cela n’a pas toujours été le cas. Sa vie durant, le poète a payé un lourd tribut pour ses écrits et son attachement à l’idéal communiste. Son parcours fut jalonné de souffrances : procès, condamnations, problèmes de santé, traque policière, humiliations, exil. Ses mots pour le dire sont simples et incandescents. « Ma tête lourde. Mes genoux écorchés. Mes vêtements crottés. Je vais vers ta lumière qui brille et qui s’éteint en titubant, tombant, me relevant. »
Dans les années 1930, la prison est une sorte de passage obligé pour les intellectuels. La république de Mustafa Kemal Atatürk ne veut voir qu’une tête, il faut punir les voix dissonantes. Ecroué à Bursa à deux reprises, Nazim y fait la connaissance de son alter ego, Orhan Kemal, incarcéré lui aussi pour ses poèmes. Un peu plus tard, en 1947, le romancier satirique Aziz Nesin séjournera à son tour dans la même prison, puis en relégation à Bursa, à cause de ses écrits lui aussi.
Mort en exil à Moscou en 1963, Nazim Hikmet a été enterré au cimetière des célébrités qui jouxte le superbe monastère de Novodievitchi. Depuis sa réhabilitation officielle par Ankara en 2009, sa tombe est fleurie chaque année le 3 juin, date anniversaire de sa mort, par l’ambassade de Turquie et par la communauté moscovite des Turcs expatriés qui lui rendent un hommage appuyé.
Figure de héros
C’est bien connu, les systèmes politiques despotiques préfèrent les poètes morts. Ossip Mandelstam, le grand poète russe, n’a même pas de sépulture. Auteur en 1933 d’une épigramme décapant sur Staline, qu’il décrivit entouré « d’un amas de caïds au cou mince », il est mort d’épuisement dans un camp de travail forcé du côté de Vladivostok, le 27 décembre 1938. Il avait 47 ans. Jeté dans une fosse commune, son corps n’a jamais été retrouvé.
« Vous ne m’avez pas pris ces lèvres qui remuent », écrivait-il trois ans avant sa mort. Prophétie réalisée. Ossip Mandelstam n’est plus, mais ses poèmes, que la police politique s’était acharnée à détruire dans la fureur des purges, sont aujourd’hui sur les lèvres de millions de Russes. Même chose pour Nazim Hikmet, qui, sans être enseigné dans les écoles, fait aujourd’hui figure de héros pour une partie de la population turque, séduite par son écriture humaniste et lumineuse.
Emprisonner les intellectuels est un peu une seconde nature en Turquie, où, depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 (250 morts), écrivains, caricaturistes, journalistes sont passés au tamis de l’institution judiciaire. Incarcérée quelques mois en 2016, l’auteure Asli Erdogan [elle n’a pas de lien de parenté avec le président Erdogan] vit aujourd’hui en exil quelque part en Europe. Les frères Mehmet et Ahmet Altan, qui sont parmi les journalistes et écrivains turcs les plus en vue, ont été condamnés en 2018 à la réclusion à perpétuité pour leurs écrits et leurs paroles, notamment les « messages subliminaux » diffusés par eux à la veille du coup d’Etat raté.
Depuis sa cellule de la prison de haute sécurité de Silivri, à la périphérie d’Istanbul, Ahmet Altan a écrit un livre dans lequel il raconte son enfermement, sa perte des repères temporels, ses efforts pour ne pas sombrer dans la folie. Je ne reverrai plus jamais le monde est le titre de son ouvrage, publié en septembre 2018, non pas par un éditeur turc – aucun ne s’y risquerait –, mais par une maison allemande, S. Fischer, qui l’a imprimé dans la langue de Goethe et non celle de Nazim Hikmet.
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